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...Ces deux disciplines croulent littéralement sous la masse des problèmes non-résolus. Historiquement, l'étude du cosmos a connu plusieurs étapes. Nous n'allons pas retracer ici l'histoire de l'astronomie. La spectroscopie a permis d'obtenir des données importantes sur la composition et la température d'objets et la mesure de l'effet Doppler a permis d'obtenir des champs de vitesses et de déterminer des masses d'étoiles, à des distances excédant d'un grand nombre d'ordres de grandeur le diamètre du système solaire . La découverte d'étalons de distance (étoiles variables céphéïdes) a permis d'étendre ces mesures de distance, jusqu'à des échelles cosmologiques (50 millions d'années lumière).
...L'application
des outils de la géométrie différentielle à la
cosmologie
(équation de champ) a permis de poser un autre regard sur certains
phénomènes (expansion cosmique, phénomènes relativistes
locaux).
...La découverte de la physique des noyaux a permis de construire des modèles d'étoiles. Mais on a vu plus haut que, brutalement, la maîtrise que l'homme croyait posséder du fonctionnement des étoiles se trouvait soudain remise en cause.
...Cette même physique nucléaire a permis de remonter plus loin dans le passé et d'expliquer par exemple l'abondance de l'hélium.
Mais :
- On ne dispose d'aucun modèle théorique de galaxie. Dans ce domaine on n'a pas dépassé le stade de l'empirisme.
- On ne sait ni comment ces objets se forment, pourquoi ils ont telle masse et non telle autre, ni comment ils évoluent. La forme de la courbe de rotation des galaxies, qui présente une forte vitesse périphérique, reste un mystère.
- Les théories de la structure spirale, uniquement basées sur des simulations numériques, restent très contestables.
- Il existe un désaccord considérable entre les mesures de masse et les champs de vitesse mesurés (phénomène de masse manquante).
- Même dissonance concernant les amas de galaxies.
- Il existe de nombreuses galaxies très irrégulières, à propos desquelles l'astronome anglais Sir James Jeans avait dit " Quand on voit de telles formes on ne peut résister à l'idée que cela est dû à des forces considérables, qui sont à l'œuvre dans le cosmos, et dont nous ignorons la nature "
- Au plan de la cosmologie il existe un certain désaccord entre l'âge de l'univers, estimé à partir des plus vieilles étoiles de notre galaxie et à partir de mesures sur l'expansion (loi de Hubble, constante de Hubble)
- On ne sait pas expliquer la structure à grande échelle, lacunaire, de l'univers, les galaxies se distribuant autour d'immenses vides.
- On a mis en évidence de nombreux couples de galaxies qui violent la loi de Hubble (la plus proche possède un red shift supérieur à celui de la seconde, située sur l'arrière plan).
- On a découvert des sources à très fort red shift, dont la taille n'excède pas celle du système solaire et qui émettent autant d'énergie qu'une galaxie toute entière (quasars). Source d'énergie inconnue. Des astronomes pensent que ces sources sont des noyaux de "galaxies actives"(galaxies de Seyfert). Mais quand on leur demande la définition d'une "galaxie active", dont le noyau semble en état d'explosion, ils répondent "qu'elle héberge un quasar en son centre".
- A raison d'un par jour, en moyenne, les astronomes enregistrent des flashes gamma. Mécanisme, distance et nature de l'émetteur : inconnus.
- Les effets de mirage gravitationnel, liés aux galaxies et aux amas de galaxies, ne correspondent pas aux masses des dits objets.
- La théorie a prédit l'existence de résidus d'étoiles massives, les étoiles à neutron. En génral quand un objet s'est trouvé prédit par un théoricien visionnaire (comme les supernovae par l'américain Fritz Zwicky en 1931) on en a découvert rapidement plusieurs, puis des centaines : les étoiles à neutrons (qui, en rotation rapide, donnent ce qu'on appelle les pulsars). Ceux-ci sont fréquemment associés à une autre étoile qui, par la masse qu'elle leur envoit, doit nécessairement, de temps à autre, leur faire dépasser leur "masse critique", évaluée à 2,5 masses solaires. Dans ces conditions les neutrons qui les constituent, tassés les uns contre les autres, ne peuvent plus contrebalancer la force de gravitation et l'objet s'effondre sur lui-même. On ne sait pas décrire cet effondrement. Le modèle du trou noir, appelé à la rescousse en tant que solution de l'équation de champ, présente un défaut gênant. Il est solution de :
S = 0
c'est à dire
d'une équation où T = 0 ,
décrivant une région de l'espace où la densité
d'énergie-matière est nulle. De plus, ce qui milite contre
ce modèle, c'est la rareté des candidats trous noirs, depuis
trente ans, bien qu'on se serve de ces objets, en le mettant à toutes
les sauces, pour "expliquer" n'importe quoi et toute autre chose.
- Revenant à la cosmologie, au modèle standard, dit du "Big Bang", celui-ci ne peut expliquer la remarquable homogénéité de cette trace fossile de l'univers primitif que constitue le fond de rayonnement à 2,7°K. Selon ce modèle, dans la prime enfance de l'univers, deux particules voisines s'éloignent l'un de l'autre à une vitesse supérieure à c. Elles ne peuvent donc interagir. L'univers primitif était donc non-collisionnel. Alors, pourquoi était-il si homogène ?
- Il est impossible de définir le temps à partir d'un certain stade, en remontant dans le passé. De toute manière, la description de l'univers, dans son état hyperdense et hyperchaud, est pénalisée par la crise actuelle en physique des hautes énergies.
- Le modèle standard, fondé sur une solution de l'équation d'Einstein, ne sait pas tenir compte des phénomènes électromagnétique. Plus généralement, le lien entre la physique des particule et le comportement grande échelle du cosmos n'est pas fait. Bien qu'il existe une revue intitulée "Classical and quantum gravity", la méthode de quantification n'a pas pu être étendue à la gravitation. On ne sait pas définir un éventuel graviton.
Cinquante ans de non-physique.
...La crise scientifique est en fait totale et ne se limite pas à l'astrophysique et à la cosmologie. Les succès prédictifs de la mécanique quantique font illusion. Beaucoup de pans de la théorie restent du domaine du semi-empirique. On n'a pas exemple aucun moyen de relier les masses et les charges électriques de particules. On ne sait pas prédire les masses de particules. Le modèle des quarks ressemble fâcheusement à celui des épicycles de Ptolémée. La mécanique quantique est impuissante à expliquer le déficit en neutrinos solaires.
...Bien que la majorité des physiciens théoriciens se tourne actuellement vers le monde des supercordes (faute de disposer d'une idée différente) cette "nouvelle discipline" s'est avérée incapable, depuis trente ans, de rendre compte de la moindre observation, ni de suggérer la moindre expérience. Selon le mathématicien Jean-Marie Souriau (qui possède sa propre définition de la physique théorique : les mathématiques moins la rigueur. La physique, moins l'expérience), nous venons de vivre "cinquante ans de non-physique". Il estime qu'aucune découverte de physique théorique digne de ce nom n'est intervenue depuis les travaux de Feynmann, qui datent des années cinquante.
...Il y a quelques années, me montrant les minutes d'un colloque international sur les superstrings, il m'avait lu un passage du discours introductif du responsable de ce colloque :
- Bien que la théorie des supercordes n'ait à ce jour prédit aucun phénomène ni permis d'interpréter aucune expérience ou observation, étant donné le nombre de papiers qui se publient maintenant on notera l'extrême vigueur de cette nouvelle discipline.
Le monde de la recherche.
...Il y a plus de chercheurs au travail, de par le monde, qu'il n'y en a jamais eu dans l'histoire des sciences. Les budgets et les moyens techniques sont importants. Pourtant on serait bien en peine de désigner un physicien dont on soit sûr qu'il laissera un nom dans l'histoire des sciences. Entre 1895 (découverte de la radio-activité par Becquerel ) et 1932 (découverte du neutrons par Chadwick) se sont écoulées trente sept petites années. Il serait inutile de rappeler tous les profonds bouleversements de notre vision du monde qui ont secoué cette période et la kyrielle de scientifique éminents qui ont attaché leur nom à cette époque. Inversement, que s'est-il passé depuis 1961, sur la scène science, si on excepte les avancées technologiques (conquête de la Lune, satellites de télécommunication, informatique, Cd rom, etc...) ?
Toute notre science semble vivre un enfermement paradigmatique.
...Selon Souriau, la généralisation, dans l'après-guerre, du système des comités de lecture, censés garantir l'indépendance des "referees" (des experts dans la discipline concernée), lors de l'examen des travaux, a provoqué un effet de choc en retour catastrophique. L'anonymat engendre l'impunité la plus totale, facilite le blocage des idées nouvelles, toujours dérangeantes..
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