Yellowstone : que se passe-t-il ?
13 février 2005
mise à jour du 11 novembre 2007
La BBC s'était promise de sortir une super-émission sur les problèmes que semble poser la caldeira de Yellowtsone. C'était programmé pour la fin 2004. Mais la catastrophe d'Indonésie entraîna la déprogrammation de l'émission. Tout cela pour dire qu'on a pas été chercher ces problèmes "parce que le catastrophisme devenait à la mode". Il s'agit d'un problème sérieux.
Voyons les faits.
Un volcan est un endroit du globe qui est le siège de phénomènes catastrophiques plus ou moins fréquents. L'écoulement de la lave se réfère à l'aspect local. Bien sûr, cela tue des gens, cela détruits des villages, des récoltes mais la dangerosité d'un volcan se chiffre par le volume de ses rejets, en particulier des cendres émises. La vulcanologie a fait pas mal de progrès depuis des décennies. Disons qu'on s'est soudain intéressés à ce qu'on a appelé des "super-volcans", des formations dont les manifestations sont susceptible de changer jusqu'au visage même de la planète. Le site où s'est produite il y a 75.000 ans la dernière éruption du mégavolcan Toba, dans l'île de Sumatra est actuellement occupé par un lac.
Localisation de la caldeira du volcan Toba, à Sumatra
On a pu mesurer l'ampleur des rejets de cendre. L'éruption du Mont Saint Helens, aux Etats Unis en 1980 est considérée comme une des plus violentes qui se soient produites à l'époque contemporaine.
Il se trouve qu'un des habitués de ce site, Frédéric Beaumont, a travaillé sur la géograpgie du Mont Saint Helens, en produisant les deux images de synthèse suivantes. Il nous indique que le sommet du volcan a été arasé sur plusieurs centaines de mètres.
Le volcan du mont St Helens, avant l'éruption. Image de Frédéric Beaudemont
Le même, après l'éruption de 1980, image de Frédéric Beaudemont
L'éruption d'un supervolcan comme le Toba représenterait 10.000 fois la puissance, le volume des cendres émises par le mont Saint Helens. Il s'agit donc de phénomènes rares, mais d'une toute autre ampleur. Ce genre de super éruption, si on excepte des dégâts locaux et les pertes en vies humaines aurait pour effet de faire baisser la température moyenne sur la planète de 5 °, ce qui est considérable.
L'examen du site du parc Yellowstone a permis de montrer qu'on était là en présence de la caldeira d'un "super-volcan", sous laquelle se cacherait une chambre magmatique gigantesque. L'examen de l'environnement a permis en outre de montrer que la périodicité de ses éruptions était de 600.000 ans. Or la dernière éruption date de 630.000 ans. Par rapport aux chiffres ce super-volcan aurait donc 30.000 ans de retard.
Mais il n'y a pas que cela. En 2003 les rangers ont décidé d'interdire l'accès du bassins des geysers de Norris au public. La raison : une aire correspondant à 50 km sur 12 s'est soulevée d'une douzaine de centimètres depuis 1996. Sur cette sorte de bombement la température s'est accrue de ... 200°, ce qui n'est pas rien. Ce bombement traduit le gonflement d'une chambre magmatique située 500 mètres en dessus de la surface. Les géologues estiment que ce relief se serait surélevé de 70 cm depuis un siècle. Ces modifications ont entraîné un dépérissement complet de la flore et de la faune. Les animaux fuient même carrément la région et n'ont pas attendu les mises en garde des rangers.
La région de Yellowstone, montrant le déplacement du "point chaud".
La carte ci-dessus montre le déplacement, vers le sud ouest, des événements vulcanologiques en fonction du temps. Yellowstone se situe à la verticale d'un "point chaud", c'est à dire de l'extrêmité d'une remontée de magma chaud en provenance des tréfonds de l'écorce terrestre, qui joue le rôle d'un "chalumeau". Il existe à Yellowstone un lac, circulaire. Fin juillet 2004 les géologues ont découvert que le fond de ce lac était remonté de ... 30 mètres. Sur la carte ci-après la zone où cette remontée de fond a été constatée. Quant à la température de l'eau à cet endroit, elle atteint actuellement 88° et ne cesse de croître. Il faut garder en tête que le parc est à une altitude relativement élevée. Ce lac est maintenant fermé au public et sa température se couvre de poissons morts (source : The Idaho Observer). La situation est identique dans la rivière Yellowstone ainsi que dans les différents cours d'eau de la région qui charrient également nombre de poissons passés de vie à trépas. Beaucoup d'aires de pique-nique ont dû être fermées. Dans de nombreuses régions du parc la durée des visites se limite d'elle-même à quelques heures tant la puanteur des remontées sulfureuses est devenue insupportable.
Le lac Yellowstone. En rouge : la région où le fond est remonté de 30 mètres.
Le Idaho Observer s'étonne que les médias et le gouvernements soient si silencieux à propos de ces différents phénomènes. Les avis des géologues sont très discordants. Certains se veulent rassurants, disant qu'une éruption pourrait se produire dans 100.000 ans, voire dans un million d'années, d'autres insistent pour dire que la chose pourrait se produire d'un jour à l'autre. Un des arguments, qui se fonde sur la mesure de la périodicité du phénomène indique "qu'on est dans les temps" et ses tenants recommandent de prêter la plus grand attention attention aux phénomènes récemment constatés. Ils estiment qu'une telle éruption, d'une puissance 2500 fois supérieure à celle du volcan Mont Saint Helens ravagerait totalement le pays et créerait une perturbation climatique sensible à l'échelle planétaire. Ci-après, les états américains qui seraient concernés par les retombées de cendres.
&&& Image retirée parce que son auteur a protesté pour des histoires de copyright. Pas eu le temps de redessiner moi-même.
Ceci étant, que faire, à moins d'évacuer la moitié du territoire des Etats-Unis, préventivement ?
En juin 2005 la télévision a diffusé un film-catastrophe sur ce qui pourrait se passer si le supervolcan de Yellowstone se réveillait. En vérité c'est la planète entière qui serait touchée par les retombées des cendres et par le phénomène d'hiver nucléaire qui entraînerait une baisse de température entre 12 et 20 °, plus une suite inimaginable de conséquences "annexes". Une couverture pulvérulente absorbe l'infrarouge, qui ne peut plus réchauffer le sol. La gradient de température s'inverse alors. L'air est plus chaud en altitude qu'au sol. Donc, plus d'ascendances. Cet air chaud absorbe l'humidité. Sécheresse terrible au sol.
Les courants ascendants ont pour effet d'entraîner l'air des basses couches en altitude et de provoquer la destruction des germes par l'effet des rayons ultra-violets. Sans ces courants ascendant les basses couches terrestres se mueraient en ... bouillon de culture. En fauit personne n'a réellement idée des multiples conséquences d'un hiver nucléaire. Tout ce qu'on sait c'est que ça serait catastrophique pour la flore, la faune, l'agriculture, la météorologie. Des milliards d'être humains mourraient de faim et d'épidémies.
Lors du débat les scientifiques confirmaient que Yellowston avait "du retard" vis à vis de la périodicité de ses éruptions et que la catastrophe restait possible, mais il concluait que dans ce cas il n'était même pas la peine d'envisager des palliatifs.
Je ne suis pas sûr qu'ils aient raison. Voir plus loin.
Dans le film les personnages-vulcanologues précisaient qu'il y avait "une multitude de séismes" à Yellowstone. Certes : de faibles amplitude. Mais mi juin 2005 le site a connu une secousse de magnitude 7, ce qui n'est pas rien.
Suite du dossier sur Yellowstone :
Peut-on agir sur un phénomène sismique ?
14 avril 2005
Quand sont apparues des données sur la caldeira de Yellowstone et que j'aie eu installé cette page des lecteurs m'ont posé de nombreuses questions auxquelles je ne pouvais répondre, n'étant pas vulcanologue. Mais je me suis souvenu d'une chose. Il y a une île au sud ouest de l'Islande qui s'appelle Vestmann.
L'île de Vestmann, au sud ouest de l'Islande.
Plus au large, l'île de Surtsey, née en 1963.
Le myrdalsjökull n'est pas un lac, mais un glacier. Jôkull, en Islandais
veut dire glacier.
Sur cette vue générale de l'Islande on retrouve, en bas, l'archipel de Vestmannaeyjar. Un petit triangle rouge signale le sommet du volcan Hekla, qui culmine à 1491 mètres. La grande tache blanche est le glacier du Vatna, dont je crois que c'est le plus grand du monde. Le noms islandais m'ont toujours semblé merveilleusement imprononçables. Trouvez sur la carte :
Kirkjubaejarklaustur ou Hvannadalshnukùr
Mais rien n'atteint la complexité du Finnois, dont même les articles se déclinent. Un ami de mon fils, Mihrils, avait vécu plusieurs années en Finlande, avec une belle finnoise. Mais malgré tous ses efforts ils n'avaient jamais pu se parler qu'en Anglais.
Je ne résiste pas à vous citer un passage du célèbre film Helzapoppin. C'est un dialogue entre deux hommes.
- You have a strange langage. You are not Americain ?
- No.
- Aoh, What country are you from ?
- I am Finnish.
- But you don't speak finnish ?
- No, finnish is too difficult.
Dans les années soixante dix nous étions allés dans ce lieu étrange, mon fils Jean-Christophe et moi. On avait fait la traversée sur un bateau de fer dont j'avais fait ce croquis.
Au sud ouest de l'île se trouve l'île de Surtsey. Jusqu'au début des années soixante cette île n'existait pas. Mais le 14 novembre 1963 les marins ont vu sortir de la mer un sacré flot de fumée.
1963 : Naissance de l'île de Surtsey
Les éruptions continuèrent pendant trois ans et demi, puis tout rentra dans l'ordre. Mais à la place de deux kilomètre carrés et demi d'océan il y avait maintenant le bout du nez d'un volcan.
Vue du haut de l'île de Surtsey. Au fond, l'ile de Vestmannaeyajr, derrière quelques cailloux et dans l'arrière plan, l'Islande
Surtsey est le nom d'un géant mythique de l'Islande Ce sont les volcanologues qui ont baptisé l'île et ce nom n'était pas si mal choisi, puisque ce géant-là est censé mettre le feu au centre de la Terre le jour du jugement dernier.
La vie ne tarda pas à s'implanter sur ce mélange de lave et de cendre. Dès 1965 des plantes poussaient, dont les graines avaient voyagé dans l'estomac des goélands. Les oiseaux de mer s'y installèrent. Les pluies ravinèrent la lave, qui se couvrit de mousse. Le maquereux ne tardèrent pas à y creuser leurs nids souterrains.
Au premier plan, des maquareux.
Quelques années plus tard une nouvelle éruption sous-marine déboucha en surface. Les Islandais s'attendirent à devoir de nouveau modifier leurs cartes géographiques. Une autre île apparut, aussi fûmante que la précédente. Mais là le parlement islandais intervint. Ca n'était pas aux vulcanologues de donner des noms aux îles. Cela regardait le gourvernement, le parlement. Celui-ci tint donc conseil et il fut décidé d'appeler la nouvelle île du nom de la fille de Haakon, roi de Norvège. C'était un acte politique fort, qui allait rapprocher les deux pays et donner l'occasion de grandes festivités. Il y eut donc beaucoup de voyages aller-retour entre L'islande et la Norvège. Un protocole fut défini. Une île, ça ne se baptise pas comme ça. Il y a des phrases à inventer, qui puissent s'inscrire dans l'histoire. Bien sûr, ça n'était pas une île aussi grande que Surtsey, mais la fille de Haakon n'était pas très grande non plus.
A quelques semaines de la cérémonie de baptème de l'île survint un évènement imprévu. Sans crier gare, sans doute à cause d'un effondrement sous-marin l'île s'effondra sous les flots en une nuit. Il ne restait plus qu'un haut fond. Mais c'était de moindre intérêt. On ne baptise pas un haut fond du prénom de la fille d'un roi. Bref, tout le monde s'en retourna chez lui et on décida de faire comme si rien ne s'était passé.
Tout ceci est parfaitement authentique.
L'échelle de la carte n'est pas assez précise pour qu'on puisse détailler l'île de Vestmann. C'est un petit trou. Il y a un port, bien abrité et un bourg, Heimaye. Les insulaires sont parfois des gens très xénophobes. Nous avions été prévenus avant d'arriver. Mais cela atteignit un point que je pouvais difficilement imaginer. Dans le village, lorsque nous entrions dans un magasin, les gens se taisaient et nous tournaient carrément le dos.
Heimaye est aussi un port et dans celui-ci se trouve un chantier naval. Les habitants de Vestmann peuvent y tirer à terre leurs unités de pêche. J'avisais un chalutier assez joli ma foi, et j'entrepris d'en faire un croquis, que voici, ci-après :
Un chalutier sur son slip, dans le porte d'Heimaye
Ca n'est pas pour me vanter, mais depuis mon adolescence, avec le dessin j'ai toujours pu trouver ma pitance dans des nombreux coins du monde, en m'y faisant des amis. Si vous me lâchiez en plein désert de Mongolie je pense que j'arriverais, grâce à ça, à me faire des copains en dessinant les membres d'une famille et leur yourte. Convenez que ce dessin avait pas mal de gueule. J'étais en train de l'achever quand j'entendis une voix derrière moi. C'était le propriétair du bateau qui, comprenant que je faisais partie de la bande de Français qui avaient débarqué, m' aborda en anglais :
- How much for that sketch ?
- Combien pour ce dessin ?
Je n'avais pas apprécié l'accueil qu'on nous avait fait, dans l'épicerie du bourg. Cela me donna une idée.
- Si vous voulez, je vous fais cadeau de ce dessin, mais en
échange je ne demande qu'un chose : invitez moi à prendre un café
chez vous.
- Vous savez, je peux vous en donner un bon prix.
- Mais ce n'est pas ce que je demande. Je veux simplement prendre un café
chez vous. Ca ne vous prendra pas plus de dix minute et je m'en irai.
L'homme s'étrangla.
- Je peux vous en offrir cinquante dollars.....
- Non, ça n'est pas une question d'argent.
- Cent.....
- Non, juste un café.
L'affaire ne se fit pas et le type repartit, fou de rage. Fichtre, j'en ai vendus des dessins de par le monde depuis que j'ai douze ans. Ca a été mon seul échec, mais de taille. Pour un propriétaire de bateau, un chouette dessin comme, cela compte. Il devait déjà le voir encâdré, en bonne place dans son salon. Mais sans doute que, depuis des générations, jamais un étranger n'avait franchi le seuil de sa demeure et il préféra camper sur ses positions de peur que ses voisins n'apprennent qu'il avait transigé à la règle. Mes compagnons de voyage n'eurent pas plus de chance que moi. Le seul qui parvint à pénétrer dans une maison de Vestmann fut ... mon fils. Les gosses sont moins bêtes que les adultes. Il avait joué avec des enfants du village. Les mômes discutent par geste et parlent d'emblée la langue importante : celle du coeur. C'est plus tard qu'ils l'oublient. Dans l'après midi une mère avait appelé toute la bande à l'intérieur de sa maison, pour un goûter. Comme Jean-Christophe était blond comme les blés et ressemblait à un petit Viking, il fut du lot. Ainsi il réussit là où nous avions échoué.
Je le revois au Kenya, toujours à dix ans, sympathisant immédiatement avec des gosses de son âge. De plus, il avait son arc et se débrouillait pas mal, ce qui lui donnait tout de suite un bon sujet de conversation avec les jeunes Maasai. Ils palabraient, chacun s'exprimant dans sa langue, laissant à chaque fois à l'autre largement le temps de s'exprimer. Il fallait regarder cela de loin car nous, les adultes, étions souvent frappé par des tabous. On ne pénètre pas comme ça dans des villages Maasai, du moins ceux qui ne se consacrent pas au tourisme. Il y a des règles à respecter, des sentiers dont il ne faut pas s'écarter. Mais les enfants suffisamment jeunes sont hors tabou tant qu'ils n'ont pas les oreilles percées, ce qui signifient qu'ils ne sont pas encore à l'âge où on peut leur confier un troupeau. On les laisse alors s'égailler librement dans le village et faire n'importe quoi.
Je vagabonde dans mes souvenirs. Cela m'arrive de temps en temps quand j'ai un coup de blues. Mais revenons à cette île pelée qui n'a pas l'air d'être bien extraordinaire. Pourtant ses habitants ont le plus gros revenu par tête d'habitant au monde, après les Koweitis. Pourquoi ? Parce qu'ils habitent simplement sur un immense banc de harengs. Avec leurs bateaux-usines ils n'ont qu'à faire tous les jours le tour de leur île pour ramener leurs cales pleines. Il n'y pas d'endroit plus poissonneux au monde. C'est aussi simple que cela.
L'île est dominée par un volcan,
l'Helgafell. C'est un volcan bien modeste, à côté de l'Hekla
qui se trouve au sud de l'Islande.
L'Helgafell ( 226 mètres ) , dans l'île
de Vestmann
Nous étions venus en Islande, mon
fils et moi, pour tenter de retrouver le passage décrit par Aarne Saknussen
dans "Voyage au Centre de la Terre" de Jules Vernes. Il avait onze
ans, ressemblait comme deux gouttes d'eau au Petit Prince et avait beaucoup
apprécié le livre, comme moi à son âge. Il m'arrive
de feuilleter nos nombreux carnets de voyage.
Le 22 janvier 1973 le tenant de la chaire d'égyptologie de l'université de Reijkiavik disait à ses étudiants, comme chaque année que Dieu fait que ce volcan était le prototype du volcan éteint. Mais cette année-là était une mauvaise années pour les professeurs de vulcanologie car le lendemain l'Helgafell s'est réveillé d'une longue torpeur. Un fissure de 2 km apparut dans son flanc et il se mit à cracher de la cendre et de petites bombes comme des postillons. Les gens d'Hemaye firent calmement leur valise. Comme ils étaient très riches ils avaient beaucoup de choses à emporter. Pour ce faire ils affrètèrent un cargo pour y mettre leurs Ford Mustang, leurs Alfa Roméo et leurs pianos à queue. Quand le navire fut chargé, le volcan se mit soudain à cracher une grande quantité de cendre. cela surchargea le bateau, qui coula dans le port. Sur le terrain d'aviation il y avait aussi un avion de l'armée auquel on n'avait pas assez prêté attention. Des mètres de cendre se déposèrent sur ses ailes qui, n'étant pas conçues pour cela, cassèrent.
L'éruption n'était pas très violente, mais la lave s'écoulait, menaçant de boucher l'entrée du port. Les Islandais se demandèrent alors s'ils ne pourraient pas conjurer cette catastrophe. Un porte avion américain croisait dans les parages. Les vulcanologues islandais demandèrent à se faire prêter les puissantes pompes de cale du navire et ils envisagèrent de s'en servir pour tenter de rendre la lave plus visqueuse en la refroidissant. Le truculent Haroun Tazieff , un truculent vulcanologue français bien connu, aujourd'hui décédé, paix à son âme, était présent. Il leur rit au nez.
- Vous voulez lutter contre un volcan ? Mais vous êtes fous, ma parole !
Tazieff avait sans doute des tas de qualités, mais personne n'a jamais dit que c'était un fin diplomate. Les Islandais prirent très mal sa remarque. Il le firent accompagner séance tenante à l'aéroport de Reijkyavik et les réexpédièrent en France en lui stipulant qu'il ne pourrait plus jamais remettre les pieds sur leur île. Puis ils pomèrent, pompèrent, comme les Shaddock et cela eut de l'effet. La coulée se fit plus épaisse. Il faut dire que la lave s'écoulait relativement lentement. Nous avons visité Vestmann, Jean-Christophe et moi, deux ans après l'éruption. Les insulaires avaient sauvé leur passe de justesse. Leurs navires-usines avaient encore la place de passer.
La passe de l'île de Vestmann, qui faillit être obstruée par une coulée de lave.
Telle que cette photo est prise, on a l'Helgafell dans le dos. Le premier plan est un aménagement de l'extrêmité de la coulée dont on ne voit que la partie émergée.
Cette technique consistant à arroser fortement la lave permit aussi de limiter les dégâts du côté du village d'Hemaye.
Le village d'Hemaye, dont le tiers fut recouvert par la lave.
Je me souviens très bien du caractère extrêmement spectaculaire de ce mur de lave, figé et qui par endroit atteignait presque dix mètres d'épaisseur. Les habitants de l'île l'ont vaillament combattu, jour après jour, nuit après nuit. Quand le mur atteignait une maison, elle s'effondrait aussitôt. Des films le montrent. On visite une villa de la taille de celles qu'on voit. La lave s'est arrêtée tout contre. Quand on ouvre une fenêtre on peut toucher le mur de lave avec la main. Ce qui est singulier c'est que cette maison avait été construite avec une vaste terrasse, donnant sur la mer.
Bien des années plus tard le hasard a fait que j'ai été écouter Tazieff qui donnait une conférence. A un moment il revint sur cette affaire de l'Helgafell. Voici ce qu'il déclara :
- Quand le volcan entra en érpution les Islandais eurent envie d'arroser la lave avec de l'eau de mer. Quelle idée ridicule ! L'image qui vient à l'esprit est celle d'un gamin en train de pisser sur de la lave. Comment auraient-ils pu faire quelque chose contre une telle masse ?
Tazieff, qui n'avait plus pu remettre un pied en Islande après son éclat, se trompait. J'en avais été le témoin oculaire. Je ne suis pas intervenu, d'abord parce que ça n'aurait pas chgangé grand chose et ensuite parce qu'au Cnrs j'avais déjà suffisamment d'ennemis comme ça pour ne pas en rajouter, pour ne pas me coller tous les vulcanologues sur le dos.
Cela montre aussi qu'un vulcanologue réputé, qui "fait autorité" peut aussi dire des sottises ( en fait on peut en dire dans toutes les spécialités possibles et bien rares sont ceux qui n'en ont jamais proférées ). En pensant à cela je me pose des questions à propos de la caldeira de Yellowstone. Evidemment, si on se contentait de faire un trou, ça n'aurait sans doute pas grand effet. Mais que se passerait-ils si on en forait des centaines, voire plus encore, en utilisant ces orifices comme pompes à chaleur. Cela reviendrait à transformer toutes cette vaste aire du parc naturel en centrale géothermique. Avec cette chaleur on pourrait faire de la vapeur et avec celle-ci on pourrait faire tourner des turbines et produire de l'électricité.
Pour calmer le supervolcan il faudrait extraire une quantité impressionnante de calories, donc produire de phénoménales quantités d'électricité. Quelqu'un aura sans doute cette idée. Ce qui serait amusant ça serait que cela devienne pour les Américains une simple question de survie. Que deviendraient les J.R.Ewing avec leurs puits de pétrole ? On imagine une Amérique, une des nations les plus polluantes de la planète et la plus grande productrice de CO2, contrainte à s'orienter vers une source d'énergie des plus écologiques.
Je serais Dieu, je foutrais un peu la trouille aux Américains en envoyant quelques bonnes secousses et un peu de cendre par-ci par -là. Alors ils se mettraient tous à exploiter l'énergie géothermique comme des malades, s'intéresseraient peut être moins au pétrole du Moyen Orient, et on aurait peut être moins de chances de courir bille en tête vers une Apocalypse annoncée. Car c'est ce que nous sommes en train de faire. Un de mes lecteurs attire mon attention sur ce qui pourrait être la vraie raison de l'opération "guerre en Irak". Il s'agirait d'une guerre monétaire. Selon les analyses citées il serait vital pour les Etats Unis que les transactions pétrolières continuent à se traiter en dollars et non en euros sinon ils pronostiquent une chute du billet vert qui pourrait atteindre ... 40 %. Le colosse a ... des pieds d'argile. L'Amérique ne tient le monde, depuis des décennies que parce que sa monnaie s'est imposée comme "monnaie de référence", d'une manière parfaitement artificielle. Les analystes ajoutent que le fait que les factures pétrolières se règlent en dollar est la clé de cette "stabilité". Cela semble assez crédible.
Le pays dont la monnaie devient une monnaie de référence peut "acheter le monde" avec du ... papier. Et les Américains ne s'en sont pas privés. Les prêts au tiers monde, aux gens du sud ne sont jamais que ... du papier. Des prêts que ces gens doivent rembourser en matières premières et en force de travail puisque leur monnaie à eux... ne vaut rien. Mais cette inflation a son prix. Bien sûr, l'effondrement du dollar induirait des contrecoups dans toute l'économie mondiale. Mais le désir de maintenir à tout prix la stabilité d'une monnaie pourrait justifier à soi seul que l'on fasse des guerres à ceux qui "ne joueraient pas le jeu", que l'on sacrifie des centaines de vies humaines au "veau d'or". . Une autre vision des choses. Une autre vision de la folie humaine laquelle, de toute évidence, fait tache d'huile.
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