Par AMY TEIBEL

Texte original : http://apnews.myway.com/article/20050610/D8AKNC980.html

JÉRUSALEM (AP) - Israël envisage l'usage d'une nouvelle arme peu commune contre les colons Juifs qui résisteront à l'évacuation de la bande de Gaza cet été - un dispositif qui émet des rayons soniques pénétrant qui laissent les cibles titubantes avec des vertiges et des nausées.

Les forces de sécurité pourraient utiliser cette arme pour faire face aux contestataires sans recourir à la force brute ce qui est leur objectif primordial mais les experts avertissent que les effets d'une exposition prolongée sont inconnus.

L'armée a déjà utilisé ce nouveau dispositif, qu'elle a baptisé "Le cri perçant" lors d'une récente et violente manifestation constituée de Palestiniens et de sympathisants Juifs qui s'opposaient à la construction du mur de séparation.

Les contestataires ont recouvert leurs oreilles et ont saisi leurs têtes, terrassés par des vertiges et nausées, après que le dispositif monté sur un véhicule ait commencé a envoyer des rayons audibles mais de faibles niveaux sonore avec un cycle d'environ 10 secondes. Selon un photographe de presse présent lors de l'événement même après avoir couvert ses oreilles, il continuait d'entendre le bruit résonner dans sa tête.

Un officiel militaire déclare que le dispositif émet une fréquence spéciale qui vise l'oreille interne. L'exposition pendant plusieurs minutes à courte distance pourrait endommager gravement le conduit auditif mais le bruit est trop insupportable pour que les personnes demeurent volontairement dans ce secteur plus de quelques secondes.

Un autre officiel, parlant également sous couvert d'anonymat en raison de sa position sensible, a déclaré que le dispositif n'a jamais été testé sur des individus plusieurs heures d'affilées, ainsi on ne peut pas anticiper les effets consécutifs à une exposition prolongée.

Selon lui, il n'y a aucun lien de cause à effet entre l'apparition récente "du cri perçant" et les réactions des colons qui envisagent de résister aux ordres d'évacuations qui doivent commencer à la mi-août mais il n'a pas éliminé la possibilité de l'employer pour déraciner les colons si la persuasion échoue.

Cet officiel pense que "le cri perçant" pourrait être employé si les protestataires refusent les accords de Gaza ou s'ils prennent des attitudes militaires.

"La volonté d'une action non-mortelle est le reflet du désir de ne pas entrer dans une situation où les soldats seraient en situation de détresse et où les conséquences seraient plus graves que prévues"

Il précisent que les militaires sont toujours dans une phase d'évaluation sur le terrain des performances du dispositif.

John Pike, directeur du GlobalSecurity.org pense que la manifestation de Vendredi dernier était le premier cas où une telle technologie est sortie du laboratoire pour passer sur le terrain. Il affirme que les ETATS-UNIS et probablement la Chine et la Russie développent ou possèdent des armes acoustiques.

"Cependant à ma connaissance aucune agence ne les emploie activement pour le moment".

Les militaires ont offert peu de détails sur le dispositif, mais Pike déclare que selon toutes vraisemblances, il fonctionne avec de très basses fréquences qui entrent en résonance avec l'oreille interne mais il se dit ignorant des dommages potentiels comme la perte d'audition possible.

Bien que les militaires refusent de commenter, Pike indique que le dispositif envoie probablement des ondes sonores dans une direction très spécifique, protégeant ainsi les soldats situés derrière elle.

"La plupart des gouvernements ne font pas face à des manifestations de grande échelle avec un potentiel de violence mortelle aussi je pense que je regarderai avec intérêt les forces de sécurité Israéliennes qui sont les premières à innover dans l'arène du non-mortel en raison des défis uniques qu'ils vont affronter dans le domaine du contrôle des foules."

Selon les officiels militaires, Israël essaye constamment d'introduire de nouvelles armes non-mortelles sur le terrain mais ils ne révèlent pas de détails. Leur arsenal courant concerne habituellement le gaz lacrymogène ou bien les balles en acier recouverte de caoutchouc qui ont pourtant causé des douzaines de morts palestiniens.

Les critiques disent qu'Israël, avec toute sa technologie militaire devrait avoir fait beaucoup plus au cours des dernières années notamment depuis le premier soulèvement palestinien commencé en 1987 pour développer des armes non-mortelles destinées au contrôle des foules palestiniennes hostiles.

Les troupes passent souvent aux tirs à balles réelles contre les adolescents palestiniens qui leur lancent des pierres. La police, aussi, avait pour habitude d'utiliser la force mortelle comme en Octobre 2000 pour maîtriser les émeutiers Arabo-Israéliens au début du deuxième soulèvement palestinien. Ainsi treize Arabes-Israéliens furent tués lors de ces émeutes, et une commission d'enquête déclara que la police fit usage d'une force excessive.

Le groupe des droits de l'homme de B'Tselem d'Israël affirme que les services de sécurité Israéliens ne viennent pas équipés d'armes non-létales pour maintenir l'ordre lors des manifestations. "bien qu'ils devraient anticiper des mouvements de foules, ils ne s'équipent pas de dispositifs non-mortels" selon Sarit Michaeli porte-paroles du mouvement.

Les armes qu'ils possèdent comme les balles en caoutchouc, sont trompeuses car utilisées à faible distance elles peuvent être tout aussi mortelles aux dires de Michaeli.

Pike précise que la raison pour laquelle les armes non-mortelles ne sont pas mondialement utilisées est qu'elles sont difficiles à concevoir en conciliant à la fois sécurité et efficacité.

"Le nombre de dispositifs qui sont véritablement efficaces pour gérer les foules et moins mortels que les armes classiques tiennent sur les doigts d'une main"

Selon Pike, les armes comme le gaz poivre ne disperseraient pas une foule déterminée. Quelque chose comme une mousse collante pourrait contenir quelques individus situés hors d'un bâtiment, "mais s'il s'agit de contrôler toute une foule sur une place publique ça ne ferait pas l'affaire"

Israël lors de précédentes tentatives pour développer les armes non-mortelles utiles pour la dispersion de foule avait essayé une machine projetant du gravier mais elle fût rapidement abandonnée lors du premier soulèvement palestinien.

Texte original : http://apnews.myway.com/article/20050610/D8AKNC980.html