Le livre du docteur Girard
12 octobre 2009
Des réponses professionnelles à une réaction citoyenne Comparativement à d’autres excès d’une médicalisation délirante (échographies obstétricales, mammographies, vaccins contre les HPV, dépistage du cancer de la prostate…), la situation avec la grippe « porcine » se signale par une discordance nette et bienvenue entre le discours des autorités et le scepticisme majoritaire des citoyens. Quand le Monde Diplomatique du mois de septembre 2009 déplore à juste titre le « découragement populaire » devant l’assujettissement du politique aux forces de l’argent, une situation de décalage aussi aigu fait d’autant plus espérer un sursaut de conscience démocratique qu’elle se présente juste au décours d’une crise économique majeure laquelle, à sa façon, a elle aussi marqué le divorce entre l’aveuglement du discours dominant (« les fondements de l’économie sont sains », « l’Etat n’est pas la solution : c’est le problème »…) et la perception douloureuse d’une majorité citoyenne (dont les suicidés du travail…) expérimentant au jour le jour que non vraiment, les choses ne pouvaient pas se poursuivre à ce rythme… Lors d’une récente émission (@rrêt sur images, 04/09/09) à laquelle j’étais invité, l’un des participants a soutenu que pour ce qui concerne la grippe porcine, le calme de la population serait à mettre au crédit d’une presse « qui aurait bien fait son travail ». C’est strictement faux : la presse, dans sa majorité, s’est laissé entraîner dans un tourbillon de moins en moins critique, et la discordance qui vient d’être évoquée transparaît justement des réactions ironiques ou agacées que provoquent, chez les lecteurs ou spectateurs, cette docilité majoritaire des médias. La population n’est pas « calme », elle est exaspérée par cette débauche d’alarmisme. Et c’est cette exaspération qui mérite d’être interprétée. En l’espèce, les gens perçoivent d’autant plus la manipulation dont ils font l’objet qu’ils ont peur, également, de l’inventivité préventive des autorités. Peur pour l’argent de leurs impôts et de leurs cotisations, bien sûr, mais peur aussi pour leur santé ou celle de leurs proches et de leurs enfants : plus avancés sur ce sujet (comme sur bien d’autres) que leurs représentants politiques, ils ne croient plus, eux, que les vaccins soient des panacées anodines – surtout pas ces nouveaux vaccins que l’industrie multiplie à la va-vite pour compenser le manque à gagner que lui causerait sinon sa consternante incapacité d’innover. |
L'article du docteur Girard qui constitue le résumé de son livre