A la recherche d'une solution
30 juin 2010 - 5 juillet 2010
La cause de la catastrophe qui s'est produite à soixante kilomètres des côtes de Louisiane, sur la plate forme off shore Deep Water Horizon est due à un blow out, à une remontée brutale d'hydrocarbures au cours du creusement d'un puits, sur le plancher océanique. Un simple coup d'oeil dans Wikipedia montre que de nombreuses plate formes, terrestres ou sous-marines, ont connu ce phénomène d'irruption subite en cours de creusement.
Un dispositif BOP ( blow out preventer ) équipe en principe toutes les têtes de puits, et permet une occlusion immédiate du tube de forage, simplement en l'écrasant, ce qui permet de contenir en principe des montées en pressions allant de 300 à 1000 bars.
Un système de " Blow out Preventer " italien, équipant des têtes de forage.
La photo suivante donne une idée des dimensions de l'objet :
Un blow out preventer
Sur le net, une animation montre le fonctionnement d'une batterie de deux unités, fonctionnant en sectionnant le tube de forage.
Une batterie de deux blow out preventer, en serrant le tube de forage
La même, après sectionnement du tube, en deux endroits.
Ces dispositifs peuvent être actionnés soit à partir de la plate forme, par le personnel, soit automatiquement, à partir de senseurs acoustiques disposés au voisinage de la tête de forage et qui détectent une brutale montée en pression, liée au fait que le trépan débouche soudain sur une cavité emplie d'hydrocarbures sous haute pression, quelle que soit l'origine de cette pression. A dix kilomètres de profondeur, celle-ci peut être de nature tectonique, liée au moment de plaques. J'ai lu dans des papiers parus sur le net qu'on parlait, pour Deep Water Horizon, d'une profondeur de forage de 5000 mètres.
Pour une raison qui ne sera peut être jamais élucidée, à moins que des personnels ne lâchent le morceau, BP avait décidé de s'en tenir au système de commande manuelle, à partir de la plate forme. Un blow out se produisit, qui expédia en surface une énorme bulle de méthane qui, prenant feu à la surface, incendia immédiatement la plate forme, en tuant onze ouvriers et en en blessant 17 autres. Au milieu de cet océan de feu, il fut impossible d'activer les BOP. Le feu se propagea à l'ensemble de la plate forme, qui continua à bruler, dut être évacuée en catastrophe et sombra deux jours après.
Robert Kennedy Jr, avocat spécialisé dans les questions d'environnement, a publié un article en date du 10 mai 2010 dans le Huffington Post où il formule des accusations graves envers la société qui gérait ce forage. Selon lui, ce dispositif de déclenchement par signal acoustique est obligatoirement imposé sur les plate formes pétrolières de nombreux pays. Mais quand l'administration Bush parvint aux commandes de l'Etat Américain, sur intervention de Dick Cheney, les société e forage pétroliers off shore furent dispensées de mettre en place ce dispositif, d'un coût relativement modeste de 500.000 dollars (coût d'une demi-journée de travail sur une plate forme off shore ). Selon Robert Kennedy Jr l'administration américaine serait le siège d'une corruption systématique, accordant permis et dispenses aux plus offrants.
Faisons une parenthèse sur les principes de base des forages pétroliers.
Ci-après, comment fonctionne un derrick terrestre.
Le derrick actionne un trépan, souvent porteuse de trois meules rotatives.
Un trépan ( quelque peu usé ). Au centre, l'orifice d'injection de la boue de forage
Les tiges de forage ont une longueur standardisée ( 30 pieds, soit un peu plus de neuf mètres ). Les tubes de réserve sont en principe posés contre le derrick. On les mets en place au fur et à mesure en les vissant l'un sur l'autre, selon un pas de vis également standard. Le dernier tube mis en place est rendu solidaire, à sa partie supérieure, d'un solide " tube carré " qui se trouve enserré dans une table tournante, elle même mise en rotation par un moteur. Quand une nième tige de forage s'est enfoncée, on stoppe le mouvement. On la désolidarise du tube carré, qui est relevé. On positionne une nouvelle tige, on la visse et on la branche à sa partie supérieure sur le tube carré. Puis celui-ci est de nouveau enserré dans la table tournante, et le moteur est remis en marche. Le forage reprend.
On voit qu'un forage effectué à une profondeur de mille mètres dans la roche met en jeu cent tubes de forage. Si le forage de Deep Water Horizon est à 5000 mètres et que l'opération a duré 78 jours, c'est 7 tubes par jours.
Le diamètre du forage, déterminé par le diamètre de coupe du trépan, est supérieur au diamètre du tube de forage, ce qui laisse une place entre celui-ci et le canal foré dans la roche ou les sédiments, interstices qui permettra la remontée des débris de coupe et l'installation d'une " casing" , d'un "tubage, en contact avec le roche par un béton.
Le trépan a besoin d'être refroidi. On effectue ce refroidissement à l'aide d'un liquide qui est injecté sous pression par le tube de forage, et qui remonte à sa périphérie, entraînant avec lui les débris de roches. Dans les forages pétroliers on utilise une boue de forage, spéciale, à base d'argile et de polymères, qui possède des propriétés à la fois lubrifiantes et thixotropique. Cette boue a la propriété de garder sa fluidité, si elle est maintenu en mouvement, et de prendre l'allure d'un solide, si ce mouvement s'arrête. Ainsi, quand on arrête un forage, cette substance reste en place. Sans cette propriété essentielle il serait impossible d'effectuer des creusements. Quand le travail de forage reprend, la boue de forage retrouve sa fluidité.
C'est exactement la propriété de sables mouvants, qu'on peut rencontrer dans des estuaires, comme dans celui de Bénodet, en Bretagne. Je dis cela parce que quand j'avais onze ans et que j'étais à un camp scout, j'ai bien failli disparaître dans ce genre de truc et si je n'avais pas trimballé avec moi une branche de pin, je ne serais pas là pour vous le raconter.
A marée basse, je marchais sur cette vase noirâtre, qui semblait compacte, quand soudain je m'y suis enfoncé d'un coup jusqu'au bassin. L'ébranlement de mon pas avait suffi à provoquer le changement de phase instantané. Mais du fait de mon immobilité, cette vase thixotropique a aussitôt repris son aspect solide, maintenant solidement la moitié de mon corps. J'ai réfléchi et je me suis servi de ma branche d'arbre comme support pour m'extraire de ce piège. Mais ça n'a pas été une mince affaire, je vous prie de le croire.
Le composant classique de la boue des pétroliers s'appelle de la bentonite , qui est à base d'argile, dont la densité tourne autour de 1,8. Cette densité joue un rôle clé pour éviter la remontée d'hydrocarbures, par simple effet de pression hydrostatique.
Dix mètres d'eau = 1 atmosphère, ou 1 bar
Dix mètres de bentonite : 1,8 atmosphères, 1,8 kilos par centimètres carrés.
Prenons le cas du forage off shore de la plate forme Deep water. Elle surplombe le fond de 1500 ou 1600 mètres. Si on additionne cette profondeur et la profondeur (alléguée) pour le forage, on obtient 6600 mètres, soit une pression de boue de forage de de 1188 bars, au niveau ddu trépan. Pression qui empêche les hydocarbures de remonter jusqu'à la plateforme, en surface. Cette pression tombe à 660 bars qui cette boue était remplacée par de l'eau de mer.
Les premières plate formes pétrolières travaillaient dans quelques dizaines de mètres d'eau, en reposant sur des pieds solides. Pourquoi des forages off shore ? Parce qu'il n'y avait aucune raison pour qu'on ne trouve pas de pétrole dans des région de la croûte terrestre recouvertes par les océans. Les forages off shore en face du Texas se situent simplement sur le prolongement sous marin des champs pétrolifères de l'état. Les premiers forage off shore ont été effectués dans le golfe du Mexique. Au début des années soixante dix, lors du choc pétroliers, Anglais et Norvégiens ont développé une exploitation off shore des ressources gazières et pétrolières de la Mer du Nord, sur des fonds de faible profondeur.
Une précision : dans ces forages Anglais et Norvégiens les systèmes de déclenchement des blow out preventers sont tous automatiques, actionnés par un capteur acoustique. C'est, là-bas, une mesure de sécurité considérée comme obligatoire.
Pour résister aux tempêtes, Les plate formes durent avoir d'emblée des tailles imposantes.
Quand on envisagea d'implanter des plate formes sur des fonds dépassant trois cent mètres il n'était pus possible de les appuyer sur le fond. On s'orienta alors vers des structures flottantes. Au départ ces plate formes étaient ancrées au fond. Mais quand les profondeurs se trouvèrent accrues, il s'avéra possible de les positionner à l'aide de moteurs, la structure se centrant automatiquement sur la tête de forage, située au ras du fond. Les plate formes les plus récentes, conçues pour des forages ultra-profonds, sont " semi-submersibles". Elles peuvent flotter sur d'immenses caissons qui servent au stockage, d'un fluide qui, par rapport à l'eau, a une densité moyenne de 0,9. Cette énorme masse leur confère une inertie qui les rend pratiquent insensibles aux plus fortes houles et tempêtes. C'est le cas de la plate forme Deep Water Horizon. Un problème technique qui dut être résolu concernait la résistance mécanique de la partie émergée du tube de forage, nommée " riser " ( qui émerge ), sous l'action de son propre poids.
Cette technique a progressé rapidement, et on peut actuellement opérer des forages sur des fonds de 2000 mètres (record actuel : fond de 2500 mètres en Alaska ). Les pétroliers visent des fonds encore plus importants " l'horizon des trois mille mètres ". Dans les années à venir on assistera à une course à la profondeur, simplement parce que des gisements off shore très importants on été découverts sur des fonds de trois à cinq mille mètres, et même sept mille mètres, à des centaines de kilomètres de la côte brésilienne.
Un détail en passant. Lula, le président brésilien, ne souhaite pas, comme avant, abandonner ces champs pétrolifères à des compgnies étrangères à travers des concessions. Il souhaite de le pétrole brésilien soit exploité par les Brésiliens eux-mêmes. Il souhaitent aussi que les revenus de ces exploitations bénéficient à l'ensemble de la population brésilienne, et non aux états proches de la côte, autour des villes, comme Rio de janeiro.
Un futur " accident d'avion " en perspective ?
L'AGIP ( Azienda Generale Italiana Petrol ) est fondée en 1926 en Italie. Après la guerre, en 1950 Enrico Mattei, qui combattit les Allemands pendant la seconde guerre mondiale à partir de 1943, est chargé de démanteler cette structure, issue de l'Italie fasciste. Mais sur ces entrefaites un gisement de gaz naturel est découvert dans la vallée du Pô. Mattei abandonne ce projet et suggère au contraire au gouvernement italien de l'époque de nationaliser le secteur énergie de l'Italie, ce qui est fait avec la création de l'ENI ( Ente Nazionale idrocarburi ), dont il devient le premier président.
Enrico Mattei, assassiné en 1962
Mattei développe alors une politique de recherche pétrolière, de raffinage et de distribution extrêmement dynamique, en s'emparant de marché pétrolier grâce à une entente en " fifty-fifty ", quiu permet aux pays détenteurs de champs pétrolifères et gaziers de profiter de cette manne. A la fin des années cinquante, toute l'Italie se peuple de stations services portant le fameux emblème de la louve romaine, qu'un inculte de Wikipedia qualifie de "chien à six pattes".
Les largesses octroyées par Mattei aux pays détenteur de gisements déplaisent au Cartel. Il est finalement éliminé par le sabotage de son avion privé. En 1972 un film L'affaire Mattei e reçoit la palme d'or au festival de Cannes où le rôle principal est tenu par l'acteur Gian Maria Volontè. Mais après sa sortie le film est racheté par la société Américaine Paramount, qui l'enterre. Aucune copie CD ou DVD du film n'est actuellement disponible, et il ne l'est pas non plus dans les cinémathèques.
Fin de cette digression. Les découvertes effectuées ( par les géologues brésilens ) de gisement pétrolifères profonds au large de la côte brésilienne, incroyablement riches, nous amène au passage à nous interroger sur ce bourrage de crâne centré sur le " pic pétrolier ". Si les exploitations off shore se développent, d'immenses gisements restent à découvrir et à exploiter. Ainsi la raréfaction du pétrole sur cette planète ne serait pas pour demain ? Des estimations disent que dans les procxhaines décennies, si les exploitation off shore se développent, elles pourraient représenter 80 % de la couverture des nouveaux besoins.
Les possibilités offertes par cet off shore profond, dont ne perçoit pas les limites, concentrent tous les efforts des pétroliers, et on imagine l'enjeu politique qui est à la clé : l'indépendance énergétique vis à vis des pays de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole). Un enjeu si important que, lors d'interviews, les "responsables" des compagnies disent qu'il est hors de question d'interrompre la course vers ce nouvel Eldorado. Alors qu'on sait qu'Obama vient de promulguer un moratoire suspendant ces forages profonds pour six mois. Les compagnies éructent, vu le prix journalier du matien en place d'une plate forme en chômage technique. Mais très vraisemblablement le contribuable américain supportera le coût de ce manque à gagner.
Pour toucher ces jackpots, les compagnies sont prêts à (nous) faire prendre tous les risques.
Au passage, une batterie de BOP ( blow out preventers ) est disposée au dond, au voisinage de la tête de forage.
Batterie de Blow Out Preventers dans un forage off shore
L'exploitation off shore est plus coûteuse que l'exploitation à terre. La mise en oeuvre d'une plate forme comme Deep Water Horizon représente un million de dollars par jour. Autre aspect, qu'on déduit aussitôt du schéma montré plus haut : la boue de forage ne peut en général pas être récupérée. Elle descend par le tube de forage et, après remontée, s'accumule à la surface de l'océan.
La forte densité de cette boue est une élément indispensable pour contrarier toute remontée intempestive d'hydrocarbures. Supposons que la profondeur de forage sous la plate forme Deep Water Horizon ait été de 5000 mètres. L'orifice, sous le trépan, exerce sur la roche une pression égale à
( 1600 mètres de profondeur l'eau + 5 000 mètres de forage ) x 1,8 = 1.188 bars.
Si, au lieu d'injecter de la boue, les pétrolier utilisent de l'eau de mer pour le refroidissement et la lubrification ( économies ) le système ne peut plus contenir que des pressions de 660 bars. Le bruit court que, lors du forage en cours à Deep Water Horizon on aurait, par souci d'économie, remplacé, au moment de la catastrophe, la boue de forage par de l'eau de mer, et ce contre l'avis formel de spécialistes, disant qu'on prenait là un risque inconsidéré.
Si le trépan rencontre une poche de pétrole ( densité 0,9 ) celui-ci subit le poids des roches et des sédiments qui sont au dessus. Pour imaginer cette situation, imaginez une vessie remplie d'eau, sur laquelle vous appuyez avec par exemple de la terre ou du sable. Si vous enfoncer une aiguille dans ce milieu, quand vous atteindrez le fluide contenu par la vessie, celui-ci jaillira. Il est donc très important de pouvoir contrôler ces " venues " (terme consacré ). Quand les pétrolier effectuent un forage, les débris sont analysés en continu pour apprécier leur consistance et masse spécifique. Au passage, le pétrole ne se présente pas automatiquement comme un fluide localisé dans une poche. Souvent, ce qu'on appelle gisement est une masse rocheuse poreuse, contenant ce précieux fluide, que la pression permettra d'extraire.
L'affaire du Deep Water Horizon a un précédent, qui date de 1979. C'est l'affaire du forage off shore IXTOC:
http://en.wikipedia.org/wiki/Ixtoc_I_oil_spill
La marée noire du forage IXTOC en 1979, au nord du Yucatan, à 100 km de la côte, consécutive à un blow out. Durée : 9 mois....
Cette carte montre l'extension des fonds marins, susceptibles de faire l'objets de prospections pétrolières dans le golfe.
A l'époque de la catastrophe d'IXTOC Internet n'existait pas. Le public n'était pas non plus aussi sensibilisé à l'écologie qu'aujourd'hui. Il n'a su ce qu'on a bien voulu lui dire à l'époque, par voie de presse, celle-ci étant aisément muselable par des gens disposant de gros moyens de pression, et financiers. De plus, les premiers touchés furent les Mexicains. Avec le temps, ce fut le tour des Texans, distants de 1000 kilomètres du lieu de la catastrophe. Les courants étendirent la pollution à une vaste portion du golfe du Mexique, sous forme de nappes dérivantes.
Il faut ajouter que, comme ce fut le cas après l'incendie par Saddam Hussein des puits koweitiens, la Nature mit en oeuvre des solutions (bactériennes) plus efficaces que prévues pour "digérer ce patrole". Trente ans après, les conséquences écologiques de la catastrophe d'Ixtoc sont indécelables.
En effectuant un forage à 3600 mètres en dessous du plancher océanique, situé à 50 mètres de profondeur, le trépan déboucha soudain le 3 juin 1979 sur une strate de sédiments meubles, à travers lesquels le boue de forage put s'échapper, le long de fissures. Elle se trouva, dans le puits, remplacée par de l'eau de mer, moins dense, et le confinement par effet de pression hydrostatique s'en trouva affecté. Les responsables de la société mexicaine Permex (fondée en 1939) décidèrent de retirer le tube de forage pour tenter de colmater les fissures à travers lesquelles la boue de forage disparaissait. Mais cette manoeuvre vira à la catastrophe. Le boue de forage fut expédiée à la surface par une montée de gaz. Le confinement ( qui correspondait au départ à une pression hydrostatique de 650 bars fournie par la boue) cessa. Un blow out se produisit, que les BOP ne purent enrayer, par suite d'un disfontionnement (déjà).
Le méthane a une densité proche de cette de l'air. Ainsi, quand une bouffée de méthane monte en surface, sur la plate forme pétrolière, ce gaz ne s'élève pas d'air l'atmosphère mais, en se mélangeant à l'air, puis en se trouvant en contact avec un des moteurs électriques, engendre un incendie dévastateur, comme dans le cas de Deep Water Horizon. Là aussi la plate forme fut détruite et sombra peu de temps après ( après deux jours d'incendie pour Deep Water Horizon ).
On estime la fuite, dans les premiers jours de la catastrophe de 1979, à 30.000 barils par jour.
Cette émission put être réduite en un mois à 20.000 barils par jour par injection de boue, opérée à l'aide de forage latéraux, additionnels ( ce sont les plateformes de forage visibles sur la phgoto ci-dessus. En août un réduisit encore ce flux en injectant dans la conduite des billes d'acier et de plomb. Celles-ci étaient assez denses pour ne pas être éjectées par le flux d'hydrocarbure. La perte de charge qui résultait de la présence de ces obstacles réduisait le flux à 10.000 barils/jour.
La société mexicaine Permex prétendit que la moitié des hydrocarbures relâchés brûlait en surface, que le tiers s'évaporait et que les restes avait pu être traité par des dispersants ou capturé par des barrages flottants et pompé. L'émission, ne put être maîtrisée que près de dix mois après l'incident, en rappelant que le fond n'était qu'à 50 mètres de profondeur.
Le pétrole et les gaz jaillissaient ainsi dans des eaux chaudes.
Dans le cas de Deep Water Horizon ce fond est à 1600 mètres et la température de l'eau se situe entre zéro et cinq degrés : c'est de l'eau salée. L'eau douce a une densité maximale à 4°, ce qui est la température de tous les lac de montagne. J'ai effectué des plongées dans le lac du Bourget en 1962, pendant mon service militaire, pour aller inspecter des camions allemands transportant des obus de mortier, qui y avaient été précipités et qui gisaient à quelques trente mètres de profondeur. J'ai dû m'équiper avec deux combinaisons de néoprène superposées. Je n'avais pas de thermomètre avec moi, mais j'ai du séjourner une vingtaine de minutes dans de l'eau dont la température devait être proche des quatre degrés. En remontant, j'ai du faire un "palier thermique" car j'avais l'impression de recevoir un jet d'eau brûlante sur les parties de mon corps qui avaient été en contact avec l'eau : mains et une partie du visage et des pieds.
La basse température de l'eau, au voisinage de la tête du puits de la plate forme Deep Water Horizon pose un problème car comme le dit l'auteur de l'article cité ci-dessus, ce qui émerge ressemble à un mélange de sable et de champagne, qui gèle aussitôt. En fait, je ne crois pas qu'on ait l'expérience d'une catastrophe s'accompagnant d'une émission d'hydrocarbures dans des eaux aussi froides. Ce que je ne sais pas, c'est quelle est la densité des hydrocarbures gelés. Le benzène, par exemple, gèle à 5°5. Quid des espèces plus lourdes ? La glace d'eau est plus légère que l'eau. Elle remonte à la surface ( sinon nous ne serions pas là ). Quid des hydrocarbures gelés ? Continuent-ils leur mouvement d'ascension où vont-ils polluer les grands fonds marins ?
Si l'eau froide du fond transforme les hydrocarbures en une espèce de "cire gelée", quelle est la densité de celle-ci ? Supérieure ou inférieure à l'unité ? Les pétroliers avaient du envisager le phénomène. Mais avaient-ils envisagé des solutions en anticipant une possible catastrophe ?
Les solutions que j'ai imaginée dans les jours précédents, qui ont été rejetées d'un revers de main par les spécialistes de BP, contactés, se heurtent donc au problème du gel et de la viscosité des " venues ", si on cherche à les capturer sous une "tente de capture et de confinement " et à les pomper. Il faudrait peut être procéder à une injection d'air comprimé, sous 160 bars, pour provoquer l'ascension à la manière des " suceuses " que les plongeurs utlisent. L'avantage est que les bulles émises se dilatent en accroissant leur volume 160 fois, ce qui multiplie leur diamètre par 5,4. En montant, ces bulles gagnent en force ascensionnelle, et la turbulence produite, dans des conduits assez larges ( des dizaines de mètres ? ) pourrait contrarier la formation de cristaux et d'agrégats, formation contre laquelle on pourrait aussi lutter en injectant un air brulant.
On lit que deux tentatives de captations de ce type ont échoué. Mais elles avaient été faites avec une "cloche" puis avec un entonnoir métallique. Des dispositifs peut être de taille trop modeste.
Il ressort, comme il est dit par maints auteurs, que si les techniques de forage profonds ont beaucoup progressé,
les mesures à prendre en cas d'incident grave n'ont pas été définies.
Selon Robert Kennedy Jr , BP aurait omis de mettre en place un système automatique de déclenchement des BOP par signal acoustique, pour économiser le prix de l'installation ( 500.000 dollars, soit une demi-journée d'exploitation de la pate forme ). Lorsque l'incendie a envahi la pate forme, plus personne n'était en état "d'appuyer sur le bouton". Les gens ne songeaient qu'à sauver leur peau.
Les tentatives de manoeuvre " manuelle " de ces BOP par des robots n'ont été que des moyens médiatique de dire " qu'on faisait quelque chose ". Autant ( voir les photos ci-dessus ) tenter de manoeuvre un engin de chantier avec une pince à épiler.
Si on se base sur les photos et vidéos la plateforme, en dérivant, a arraché ce système de BOP.
( à suivre )
Allez voir au passage les acticles de François Filloux dans le site http://www. slate.fr :
http://www.slate.fr/story/22667/forage-en-eaux-profondes
La plate forme en feu
En même temps, les systèmes pilotant automatiquement les moteurs de positionnement cessèrent de fonctionner. La plate forme dériva et arracha son tube de jonction qui la reliait à la tête de puits, à la hauteur de celui-ci. Elle finit de brûler et sombra corps et biens. Les hydrocarbures, mélange de substances liquides et gazeuses, sortirent alors du tube de forage avec violence ( une violence toute relative, comme on le verra plus loin ). Puis, du fait de leur faible densité ( 0,9, par rapport à l'eau de mer ) montèrent pour se répandre en surface.
La plate forme ne tarda pas à sombrer ( en deux jours). La société BP tenta de manoeuvrer les BOP équipant la tête de forage, au ras du fond, à l'aide de robots ROV ( remotely operated vehicles ), mais ceux-ci ne parvinrent pas à manoeuvrer ces dispositifs de fermeture.
On dispose de différents chiffres, concernant le flux d'hydrocarbures. Retenons provisoirement celui de 8000 barils par jour, donné sur la version anglophone de Wikipedia (qui est peut être en dessous de la vérité, peu importe). Si un baril fait 200 litres ( en faite 160, peu importe, il s'agit d'ordres de grandeur), ce flux équivaudrait à un million six cent mille litres par jour, soit 640.000 gallons, pour reprendre les unités américaines, ou vingt millions de litres par mois. Mais ce chiffre semble aujourd'hui très en dessous de la réalité, quand on évoque simplement ceux de l'incident similaire de IXTOC, près de la côte mexicaine, en 1979
Un pétrolier géant peu emporter 300.000 tonnes de brut soit trois cent trente millions de litres. En 1989 l'Exxon Valdes s'échoua sur les côtes de l'Alaska, porteur de 40.000 tonnes de brut ( 44 millions de litres), soit en gros dix fois moins. Cause probable de cet échouement, le pétrolier ayant quitté le chenal pour s'échouer sur un haut fond situé à 9 mètres de la surface, alors qu'il "cale" 19 mètres : l'absence sur la passerelle, en ce moment délicat, d'un commandant connu pour son penchant pour la bouteille (...). L'échouage entraîna une déchirure de la coque sur toute sa longueur.
Les actuels supertankers
Comme la fuite de pétrole au Nouveau Mexique représente vingt millions de litres par mois, cela fait bien "deux Exxon Valdes par mois ". Joli résultat pour une recherche de profit et un souci de faire des économie sur la sécurité.
Notons que ce flux représente soixante mètres cubes par heure, soit 18 litres par seconde, ce qui ne correspond pas à un phénomène comparable à une éruption volcanique. Même en ajoutant un ordre de grandeur, 180 litres par seconde ne représenteraient pas un flux ingérable.
Mais si on ne parvient pas à le contenir, le problème, c'est le temps. Si on ne parvient pas à contenir ce flux, il peut polluer des surfaces océaniques considérables en quelques mois, et il n'existe aucun signe comme quoi ce flux puisse s'arrêter au bout d'un temps quelconque.
Si, comme beaucoup le pensent, ce forage est ultra profond, ces hydrocarbures peuvent jaillir à l'extrêmité d'un tube de forage d'un diamètre modeste, mais qui mesure peut être dix kilomètres de long. D'où une perte de charge importante. Un flux aussi important, relativement, ne peut alors exister que si la pression au niveau du trépan est très élevée. On parle de 1500 bars.
Stopper ce flux implique de pouvoir encaisser une telle pression avec un dispositif mécanique. Si les BOP sont hors service, que faire ?
Référons nous à l'irruption de gaz en Ouzbekistan. Dans un premier temps les Russes on traîné sur l'orifice, après avoir éteint la flamme avec des jets d'eau, une tête pesante, munie de plusieurs tuyaux destinés à dériver le gaz radialement. Au départ tous ces tubes laissaient le gaz s'échapper librement. Les Russes mirent à feu à ces torchères plus modestes, envisageant ensuite de les éteindre l'une après l'autre et d'exploiter cette production gazière.
Mais il furent confrontés à un phénomène inattendu : celui de la porosité du sol en surface ( il peut en être de même avec le fond marin au lieu où se trouve la tête de forage du golfe du Mexique ). Après avoir installé ce " chapeau " un bouillonnement se manifesta en différents endroits autour du puits, avec en particulier émission incontrôlable de gaz toxiques, cette fois impossibles à enflammer.
On sait qu'il obturèrent alors le conduit, à 6 kilomètres de profondeur, en faisant exploser à une distance de 25-50 mètres de celui-ci une bombe atomique de 30 kilotonnes (deux fois Hiroshima).
Mettre une "cloche " pesante, par dessus : problématique. Si on envisageait de stopper le flux, Celle ci devrait exercer sur le plancher océanique une pression égale à celle mentionnée plus haut.
Certains apprentis-sorciers évoquent déjà cette solution pour le puits du golfe du Mexique. Mais si cette solution extrême devait être mise en oeuvre, elle impliquerait la conception d'un engin nucléaire probablement conçu de manière spécialisé. D'autre part le percement de ce second puits, et son guidage au mètre près prendrait du temps, pendant lequel les hydrocarbures continueraient de s'échapper.
Je suggère une toute autre solution.
Il y a déjà quelques années, une entreprise marseillaise tenta de capter l'eau "douce" filtrant à travers les roches des fonds marins proches du port de Cassis, des écoulements d'origine karstiques. Tous les plongeurs qui se sont aventurés dans cette région ont vu, souvent à très faible profondeur, ces flux se signaler par une variation d'indice de réfraction. Les plongeurs appellent cela de la " vaseline ".
On plaça donc au dessus de ces sources un dispositifs affectant la forme de la voilure d'un parachute hémisphérique. Celui-ci était retenu au fond par des cordes de nylon. Comme l'eau douce et plus légère que l'eau de mer, elle tendit à s'accumuler dans ces coupelles. On voit tout de suite que ce système opère un "raffinage de l'eau saumâtre par simple gravité". L'eau moins chargée en sel tend à monter vers le haut de cette légère corolle, et il ne reste plus qu'à la pomper, à sa partie sommitale.
Avec ce système on capta bien des quantités appréciable d'eau à faible salinité. Cette eau put s'appauvrir en eau de mer, mais pas au point de pouvoir être consommée ou de s'avérer propre à être utilisée pour un arrosage agricole. Comme il aurait fallu alors " raffiner cette eau encore saumâtre " l'affaire, devenant non rentable, fut abandonnée.
Supposons qu'on reprenne cette idée en l'appliquant à cette fuite d'hydrocarbures, à 1600 mètres de fond, dans le golfe du Mexique. Il suffirait de coiffer la tête de puits avec une "tente de captation ", qui pourrait avoir une dimension quelconque et, ce qui est intéressant, on pourrait multiplier ces dispositifs partout où une émission d'hydrocarbures pourrait être constatée.
Comme le fond est important, l'eau est totalement immobile ( si on excepte le faible courant du Gulf Stream, à 2,5 m/s ).
A Cassis les sources sont souvent à moins de vingt mètres de profondeur. Or on sait que de fortes tempêtes peuvent faire sentir leurs effets à de telles profondeur. On n'aurait pas ce problème dans ces fonds du golfe du Mexique où on pourrait immerger ( les échelles ne sont pas respectées ) des tentes ayant peut être un diamètre important. Leur manipulation, en surface, ne poserait pas de problème. Il suffirait de les remorquer en les faisant flotter en surface. Puis des bateaux déposeraient sur le fond de solides gueuses en béton munies d'une poulie, positionnées à l'aide d'un simple GPS. Pas besoin de coûteux ROV.
En utilisant leurs treuils, ce bateaux mettraient en position les points de fixation de la tente de captation-retenue. Les efforts à exercer seraient très modérés. La tension ne serait maximale que quand la tente de captation-stockage se serait emplie de pétrole, d'une densité inférieure à l'eau (0,9), ce qui prendrait un temps considérable, si celle-ci est susceptible d'emprisonner un volume suffisant de pétrole brut.
Dès que la tente de captation viendrait chapeauter la tête du puits, la pollution cesserait immédiatement.
La simple force d'Archimède expédierait au sommet de cette tente les hydrocarbure, par ordre décroissant de densité. Donc au sommet, les gaz, qui pourraient être pompés. Puis s'opérerait naturellement une stratification des différents hydrocarbures, les plus légers se disposant à la partie supérieure. Mais un phénomène s'oppose à une solution qui semble aussi séduisante : le gel des hydrocarbures, mélangés à de l'eau dont la température est inférieure à celle de leur cristallisation. D'où un accroissement de viscosité et de densité ( quelle valeur ? )
On a une idée de la température des hydrocarbures dans ces profondeurs terrestres. Si la source, à dix kilomètres de profondeur, celle-ci est de 300 degrés. Mais la température d'ébullition de l'eau sous pression est plus élevée que 100°. Il existe, dans les fonds marins, des sources d'eau où de l'eau émerge à l'état liquide à trois cent degrés, sans se vaporiser. On connait les réacteurs dits à eau pressurisée. Celle-ci, circulant sous 150 bars, peut atteindre 150° dans formation de bulles. Dans nos cocotes minute la cuisson est effectuée à 120° au lieu de 100, dans de la vapeur d'eau sous pression. Les réactions chimiques de cuisson sont ainsi plus rapides.
Dans les dessins présentés plus haut on envisageait une solution d'urgence, inspirée par le parachute renversé du début. Dans ces conditions, lors que le pétrole jaillit, il se mélange plus ou moins à l'eau de mer par turbulence. Une telle solution, après amarrage de la " tente de captation-stockage " peut très bien laisser libre l'accès à la tête de forage endommagée. On peut alors envisager, dans un deuxième temps, de connecter l'orifice d'émission à un ballon de captation-stockage plus étroitement lié à l'orifice d'émission, et éviter tout mélange avec de l'eau de mer, réprigérante
Mon ami Legalland m'a dit que ce système de captation par un cône avait été rapidement envisagé, puis abandonné, parce que le tuyau de pompage s'était rapidement obturé, du fait de la cristallisation. Effectivement, on lite que le benzène cristallise à 5,5°C . L'eau douce a une densité maximale à 4°. Donc le fond des lacs d'eau douce est à cette température. On lit que la salinité fait varier cette température minimale. Le fond des océans serait à une température se situant entre zéro et 5°. Donc si un hydrocarbure comme le benzène se trouve mélangé à l'eau de mer, à ces profondeurs, il peut cristalliser. S'il y a des parois, celles-ci peuvent se retrouver recouvertes de cristaux.
Ceci étant, la taille et la nature du dispositif mis en oeuvre par BP en inférieure à une dizaine de mètres
Peut on envisager un moyeu d'empêcher ces hydrocarbures de cristalliser ? Il existe des canalisation chauffées électriquement, sinon on ne pourrait pas pomper des fluides dans des régions où règnent des froids extrêmes. Quid de l'isolation de canalisations ? Tout cela aurait déjà dû faire l'objet de nombreuses études. Mais il n'est pas sûr que cela ait été fait, la recherche de profit passant avant celle de la sécurité.
Même à 1600 mètres de profondeur on peut injecter de l'air comprimé (sous 160 bars ), éventuellement chauffé, à la base d'une canalisation de bon diamètre, pour créer une suceuse et susciter la montée des hydrocarbures. Quand les bulles gagnent la surface, elles se dilatent, ce qui a pour effet d'accoître la poussé d'archimède, la succion, et de réduire la densité du mélange diphasique monta,nt dans le tube. On peut penser qu'un tel dispositif brisserait des cristaux en formation et les empêcherait de s'accrocher à la paroi. En surface, cet entraînement par de l'air permet une séparation des deux phases, mais ne prévient pas la diffusion de gaz toxiques.
L'eau a l'état solide a la propriété d'être moins dense qu'à l'état liquide : la glace d'eau flotte. Si les hydrocarbures cristallisent, quelle est alors la densité du milieu ? Ceci freine leur remontée vers la surface.
4 juillet 2010
Je ne sais pas si une émission d'hydrocarbures a déjà eu lieu lors de forages profonds, quand la tête de puits, par laquelle ils s'échappent est à une profondeur importante ( ici 1600 mètres ). Un problème majeur est alors la température de l'eau. Des tentatives de captation à l'aide d'une cloche de dix mètres de diamètre ou d'un cône de plus petite taille se sont soldées par des échecs. Ce qui émerge du fond marin est un flot d'hydrocarbures mélangé à des débris de forage et de gaz, comparé par un auteur à " du champagne mélangé de sable ", émergeant probablement à une température de 300°C.
Lors de la tentative de captation, le mélange s'est trouvé très rapidement refroidi par l'eau de mer, dont la température à cette profondeur se situe entre zéro et cinq degrés. Il y a eu formation de cristaux, créant une très forte viscosité.
Une solution consisterait à la fois à entraîner ces hydrocarbures et à empêcher leur réfrigération. On pourrait recourir au système de la " suceuse ", bien connue des plongeurs. La profondeur étant de 1600 mètres, il faut envoyer de l'air sous une pression supérieure à 160 bars. Le débit volumique d'hydrocarbure se chiffrant en centaines de litres par seconde, il faudrait assurer un débit d'air surchauffé comparable.
S'il y a une chose dont les pétroliers ne manquent pas, c'est de calories, du fait des hydrocarbures brûlés en surface. On peut utiliser ces calories pour chauffer deux fluides.
- L'air comprimé injecté, à une température que ne limite que la tenue mécanique du tuyau qui ne conduit.
- Un flux d'eau de mer, circulant dans la double paroi du tube d'aspiration.
Il faut se rappeler que les bulles d'air émises par la suceuses se dilatent de 160 fois leur volume en montant, ce qui accroît d'autant l'aspiration induite. La turbulente de ce milieu diphasique n'est pas de nature à favoriser la cristallisation.
Ce système permettrait
Suceuse avec injection d'air surchauffé
5 juillet 2010 : Regardez ces articles, en anglais. Les hydrocarbures ne remontent pas en surface.
On a trouvé de vastes concentrations de pétrole circulant en profondeur. Cela pourrait être une masse cristallisée, constituée d'un mélange d'hydrocarbures et de débris de forage ( qui l'alourdissent ). Les scientifiques disent que les conséquences écologiques d'une telle présence sont imprévisibles. Ces hydrocarbures constituent une nourriture pour des bactéries qui peuvent le dégrader, toute en se multipliant rapidement. Fasse le ciel que ça se passe ainsi. La morale de l'histoire est que les exploitations pétrolières sont gérées n'importe comment, avec un seul objectif : la recherche du profit. Obama n'est qu'un conocrate de plus. On a bien vu que les supertankers comme l'Exxon Valdes étaient pilotés par des ivrognes. En face de Marseille, à dix miles au large se trouve lîlot de Planier. Pas bien grand, mais suffisant pour qu'on ait pu y installer un phare de grande taille.
En face de Marseille, au large, le phare, sur l'îlot de Planier
Figurez vous qu'un soir de Noël, je ne sais plus en quelle année, un cargo s'apprêtait à gagner le vieux port. Mais tout l'équipage était ivre, capitaine compris. Ils se sont payés l'îlot. C'est un classique de la plongée à Marseille. A côté de l'île Maïre un courrier de Corse a coulé, en 1907. La cause : la collision entre deux bateaux, le Liban et l'Insulaire, qui voulaient tous les deux montrer aux passagers pour l'un et à l'équipage pour l'autre les beautés de ces falaises. Ils se sont trouvés soudain nez à nez, en plein midi, par temps clair. La collision a été inévitable. L'Insulaire, l'étrave enfoncée, a pu regagner Marseille à toute vapeur. Le capitaine du Liban a vu en face de lui deux îlots, les " Farillons ", séparés de l'île elle même par une faible distance. Il a eu l'idée géniale d'essayer de coincer son navire entre l'île et le Farillon le plus proche.
A gauche, les îlots des Farillons, vus de terre. L'île Maïre se termine par " le rocher du fromage "
Hélas, une roche affleurante a découpé la tôle du bateau comme un ouvre-boite. Il a coulé par l'avant. Les cons, ça ose tout. C'est même comme ça qu'on les reconnaît (Audiard) Comme l'était l'été, une vaste tente avait été déployée sur l'avant, le pont de promenade, où se pressaient les passagers, les dames portant des jupes avec des jupons. Quand le navire s'est enfoncé, ils ont été pris dans cette toile comme dans une nasse. A cette époque, peu de gens savaient nager. Les femmes se sont empêtrées dans leurs robes. Pourtant la côte était à moins d'un kilomètre. Quatre cent morts. Un pêcheur d'un petit port voisin, Croisette, fit des allers-retours et parvint à sauver des passagers. En échange on le gratifia d'une médaille et on lui construisit un appontement, ce qui lui était commode pour exercer son métier. Il est toujours visible. J'ai plongé sur le Liban, quand sa carcasse se dressait encore, avec ses "porte-manteaux", sur 37 mètres de fond.
En bas de l'étrave, la trace de l'impact sur le rocher
Un gros poisson-lune venait souvent se promener dans les parages :
Le poisson lune qui hantait parfois les abords de l'épave
D'autres fois, il se mettait à plat sur la surface, pour regarder le soleil. Roger me disait qu'il lui était arrivé d'en voir "gros comme des 4 CV.
Gros comme des 4 CV
On pouvait pénétrer dans la cale. Aujourd'hui ça n'est plus qu'un amas de tôles.
Cales du Liban, en 1957
Dans cette cale, on pouvait trouver des tas de choses, dont des bouteilles d'un vin devenu imbuvable. Il avait aussi de jolis congres. Un jour, en déambulant dans l'épave j'ai par mégarde heurté une tôle qui a abaissé mon levier de réserve. Quand l'air est devenu " dur ", j'ai voulu actionner ce levier, à la main. J'ai compris instantanément, et j'ai du opérer une " remontée en ballon ", de 37 mètres. C'est assez amusant. L'air qu'on a dans les poumons se dilate alors d'un facteur qui égale le rapport des pressions ( du fond et de la surface, donc ici dans un facteur 3,5). Je suis remonté en vomissant de l'air. Il ne fallait surtout pas essayer de le retenir, sinon cela aurait éclaté mes alvéoles pulmonaires et déclenché une hémorragie mortelle. La plongée n'est pas faite pour les gens qui paniquent facilement, ce qui n'a jamais été mon cas. En surface, pas de palier. J'ai pris une autre bouteille et suis redescendu à la profondeur adéquate. Si on ne traîne pas, le blocage de la circulation sanguine dans les capillaires n'est pas dommageable. Sinon c'est l'accident neurologique. Replonger avec une bouteille, c'est comme "partir au caisson de recompression". Il n'y a pas eu de problèmes. Je n'ai pas largué ma ceinture de sécurité. Nous n'en utilisions pas. Nous plongions avec des sacs issus des surplus américains, emplis de pierres. Ca avait de multiples avantages. Dans des fonds importants, la combinaison de plongée est contractée au point de ne plus faire, à 60 mètres, qu'un millimètre d'épaisseur. On y gagne du poids apparent. Les pierres permettent de régler sa "pesée", au fond comme à la remontée ( alors on en reprend, car la bouteille, vidée, donne deux kilos de flottabilité de plus ). Par ailleurs, si on trouvait au fond quelque chose d'intéressant à remonter, d'un peu lourd, ce lest remplaçait les pierres Enfin, on largue plus facilement des pierres qu'une belle ceinture de plomb toute neuve, qui peut de plus porter un beau couteau de plongée. J'ai entendu un jour un plongeur dire "la mienne, j'y tiens comme à la prunelle de mes yeux!". J'espère qu'il a survécu... Je n'ai pratiquement jamais plongé depuis un bateau à l'ancre, avec une échelle. Nous passions avec un vieux Zodiac, propulsé par un 3 chevaux et demi hors d'âge, et nous nous balancions à la mer en basculant, dos en avant. L'homme de la surface tournait sans mouiller, moteur au ralenti, avec le bateau, pour ne pas caler. L'endroit où se situaient le ou les plongeurs se signale aisément, en surface. Les bulles, quand elles arrivent en surface et sont émises de fonds importants, sont minuscules. Leur taille permet d'ailleurs au pilote de l'esquif d'apprécier la profondeur de ceux qui travaillent au fond.
Ces bulles, en surface, modifient la friction de l'air, comme jadis l'huile ( on "filait de l'huile" pendant les tempêtes, pour calmer la mer ). Il était facile de suivre cette dizaine de mètre carrés de mer plus plate qu'à côté. Lors du palier, les bulles deviennent plus importantes. Le gars de surface suit ses plongeurs, qui font leur palier en pleine eau. Il ne quitte jamais cela des yeux. Avant d'être récupérés, le ou les plongeurs larguent leurs pierres et peuvent alors attendre confortablement
Ete, hiver, le boulot pour payer les études, pouvoir partir au ski
L'îlot du Planier n'est pas très loin de l'endroit où mon ami Roger, qui vient de décéder récemment, s'était fait bouffer une palme italienne Cressi par un requin de bonne taille, en dévasant une amphore. La découpe s'était faite au ras des orteils et la bête devant mesurer deux mètres et demi. J'avais été frappé par la netteté de la découpe, comme au rasoir. Mais les requins ne mordent pas, il scient en agitant la tête de droite et de gauche. Ce faisant, un blanc peut scier un homme en deux en quelques secondes. Roger, qui, seul, dévasait une amphore, s'était senti saisi par une jambe et secoué. En se retournant il avait cherché quel farceur lui avait fait un pareil coup. Mais le requin farceur avait disparu. En palmant de travers, Roger découvrit sur une de ses palmes une découpe de trente centimètres de longueur. L'épaisseur du caoutchouc, compact, atteignait sur les raidisseurs cinq centimètres.
Roger Poulain en 1957, sur la terrasse de son cabanon.
La terrasse du cabanon de Roger. La passe où on avait pris le requin, l'île Maïre, Jarre et dans le lointain : Riou
L'île Maïre, vue depuis la côte. Devant, la passe
C'est la seule attaque de requins que j'ai connue, sur Marseille. Ces requins hantent ordinairement des fonds de plusieurs centaines de mètres, au delà du bout de plateau continental qui est en face de Marseille. Quand le Mistral souffle, l'eau devient froide non pas parce qu'elle s'évapore, mais parce que l'eau chaude de surface est replacée par une montée d'eau froide venant du fond. Il faut 5 à 7 jours de Mistral pour que cette circulation amène près de la surface les eaux froides qui s'étendent au delà du plateau. Alors tout l'écho-système suit, et les requins aussi. Quand la mer se réchauffe, il disparaissent comme ils sont venus. J'ai tiré des requins au fusil, en Mer Rouge, avec mon fils. A Marseille nous en avions pêché un à la ligne, en utilisant de la corde et le treuil à bateau du port :
. On aperçoit le treuil, derrière la femme, le câble, plongé par la corde de chanvre que nous avions passé autour de la queue du requin. A côte de moi, Poudevigne. Le poids de la tête du requin (qui pesait 400 kilos ) a plié la barre à béton que j'avais mise pour lui tenir la gueule ouverte. Ce requin n'était ni dangereux, ni bien gaillard. Il avait été pris dans un chalut, la nuit précédente, et rejeté à la mer. C'était un pélerin, mangeur de plancton. Roger en avait vu un jour un de sept mètres, près du tombant de l'île de Riou, toute proche. - Ces bêtes-là, ça n'est pas dangereux, mais si ça te colle un coup de queue, ça te ruine ! Des riverains nous avaient appelés : - Eh, les Parisiens, il y a un requin tigre dans la passe ! A Marseille, les événements se vivent en couleur, pas en noir et blanc. Nous y sommes allés, à trois, sans savoir que le risque était nul. Ce qui compte, c'est l'émotion. Je me souviens que nous avions tiré à la courte paille, pour savoir qui irait passer le noeud coulant autour de la queue de l'animal. Nous étions trois. Le sort est tombé sur un certain Philippe Dufourneau, qui a hésité. Je ne sais plus qui était le troisième. Jean-Claude Mitteau ou Philippe Lemée ? Quand Dufourneau a hésité, on lui a dit : - Ecoute, si tu te dégonfles, on tire à la courte-paille à deux. Alors il y est allé. Le requin a attiré du monde, dans le petit port. Une dame avec une ombrelle est arrivée avec une fillette. Elle lui a dit : - Tu vois, ça, c'est un requin pélerin, avec se très grandes ouïes, qui lui servent à filtrer le plancton, comme le font les baleines avec leurs fanons. Elle devait être prof de sciences naturelles. Elle piqua la pointe de son ombrelles sur les ouïes du requin, qui releva prestement la tête. En une seconde, la petite anse se vida. La vie des requins est " diffuse ". Leur système nerveau n'est pas aussi centralisé que que le nôtre. Il s'agissait d'un "reste de vie " du monstre. Une autre fois, des pêcheurs sont venu requérir mon aide. Un requin renard s'était pris dans leur filet.
Il s'était jeté sur un poison pris dans les mailles, l'avait englouti, mais le filet s'était pris dans ses dents, et il était resté là comme on con. Il faisait deux bons mètres de long, peut-être un peu plus, mais ces bêtes-là, c'est tout en queue. Je lui ai prudemment passé un noeud coulant autour de la queue. Les pêcheurs ont tendu la corde et j'ai pu m'approcher de sa gueule et entreprendre de dégager le précieux filet, avec précaution, Puis on a hissé le requin à bord du pointu. C'est là que les choses se sont gâtées. Il a donné des grands coups de queue. Or une queue de requin renard, c'est tranchant comme une règle plate sur laquelle on aurait plié du papier de verre à gros grain. On a tous sauté à l'eau, sauf un papy, retraité de la marine, qui a pris un coup de queue sur un mollet et en a été quitte pour quelques points de suture. Les souvenirs montent et mon esprit s'envole comme un faucon
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Le système de pompage des hydrocarbures montré plus haut permettrait de stopper la marée noire, mais ne résoudrait pas le problème de l'obturation du puits. La solution classique consiste à injecter des boues, lourdes, pour contrer la pression d'émission par celle, hydrostatique, liée au positionnement d'une colonne de boue de forage ou de ... n'importe quoi de pesant.
On a vu que dans le cas du puits d'Itxoc on avait injecté des billes d'acier et même de plomb. Cette injection doit être opérée à la base du puits, sinon le matériau est éjecté avant d'avoir pu jouer son rôle de contention. On appelle ça " tuer le puits ". La densité du fluide, enrichi d'éléments métallique, peut atteindre 2. Ainsi ce matériau pourrait réer une contre pression de 1000 bars. Cela implique de creuser un puits parallèle et d'aller rejoindre le puits défaillant. On a vu que le creusement du puits du Deep water Horizon s'était étendu sur 78 jours. Supposons que la profondeur soit ce qui est avancé, de 5000 mètres sous le plancher océanique. Peut-on opérer un creusement qui permette de rejoindre ce puits initial ?
Cela se fait quand le forage a été effectué en terre. Egalement, dans le cas d'Ixtoc, avec un fond situé à 50 mètres. Mais sous 1600 mètres d'eau ?
Nouveau forage pour injection de boues et de substances lourdes
Un lecteur un peu au fait de ces problèmes de forages me dit que l'appât du gain fait que les forages sont souvent effectués à la va-vite, au mépris des conditions de sécurité. Et ce, dans tous les pays, sous tous les pavillons. On rogne sur les technique, on emploie des personnels insuffisemment qualifiés.
Prenons par exemple la marée noir de l'Exxon valdès. Il est établi que le capitaine était un ivrogne avéré. Comment une compagnie assurant le transport d'hysrocarbures peut elle confier la conduite d'un pétrolier sde 40.000 tonnes à un personnage aussi peu sûr ?
On imagine mal des compagnies aériennes faisant de même. On peut conclure que les procédures de sécurité mises en oeuvre dans le transport d'hydrocarbures et celles liées au transport de passagers sont sans commune mesure. Les dégâts humains sont moins importants, moins spectaculaires, moins médiatiques. Mais les dégâts environnementaux : bonjour.
Ceci étant, sachez que le premier réemploi de l'uranium enrichi, à la fois lourd et résistant consista à en faire des masselottes d'équilibrage pour gouvernes d'avion. Quand il y eut des crash et que des pompiers virent sur les lieux, ceux-ci respirèrent les fumées des incendies, emplies d'oxydes d'uranium, qui allèrent se loger dans leurs poumons. La flambée de cancers se manifesta. Aujourd'hui on procède au " remplacement progressif de ces fichues masselottes".
Mais, soyez sans inquiétude, dans la conocratie ambiante, certains trouveront sûrement d'autres choses à faire, comme d'autoriser la dispersion de débris radioactifs dans des objets de grande consommation, ou dans des matériaux de construction.
La grande prise de conscience du monde moderne est la remise en question de la compétence et de l'intelligente de l'oligarchie dirigeante. ces gens savent ... parler.
Avis de spécialistes des forages pétroliers bienvenu.
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