Jean-Pierre Petit
Ancien Directeur de recherche au Cnrs
Physicien, astrophysicien
à M. Nicolas HULOT
aux bons soins des Editions Calmann-Lévy
31 rue Fleurus 75006 Paris
Monsieur,
Votre croisade est pertinente et louable. Nous le savons tous.
J’ai dès sa sortie acheté votre ouvrage « pour un pacte écologique ». J’ai lu les solutions que vous évoquez. J’ai aussi lu, pages 58 à 60 la listes et les compétences des gens, des scientifiques avec qui vous avez travaillé.
Je n’y ai trouvé aucun physicien.
J’apprécie beaucoup votre démarche et vos qualités humaines, votre courage physique. J’ai moi-même beaucoup bourlingué dans ma vie (conduite de safaris au Kenya, chute libre, alpinisme, pilotage, spéléo, plongée, aile libre, etc… etc…).
J’ai écrit 30 livres, dont la série des bandes dessinées scientifiques des aventures d’Anselme Lanturlu, que vous trouverez maintenant en téléchargeable gratuit à
http://www.savoir-sans-frontieres.com
traduits en … 32 langues !
Comme vous, je crois à l’utopie, comme jadis le regretté René Dumont qui avait écrit « L’Utopie ou la mort ». Comme vous, je crois que « les civilisations planétaires sont « hautement périssables ».
Nos caractères ont donc des points communs et si je devais me définir ça serait en tant que … savanturier.
Votre livre est courageux, bien écrit, mais c’est un livre de myope.
Les problèmes écologiques sont planétaires. Ils imposent une révision drastique et urgente des politiques énergétiques, sociales, démographiques, etc.
Vos suggestions franco-françaises partent d’un bon sentiment, mais se révèleront inopérantes. Actuellement les deux futurs géants de l’économie mondiale : la Chine et l’Inde effectuent leur montée en puissance. Si, en particulier en Chine, quelques rares personnes se targuent de se soucier d’écologie, n’allez pas imaginer que ce souci ( attitude partagée par les Etats-Unis ) s’étendent en dehors de leur territoire national.
La Chine et l’Inde ont une immense revanche à prendre sur le reste du monde. Elles ont connu des civilisations fort avancées à l’époque où nous, Européens, sortions à peine de nos cavernes.
Ces pays ont été économiquement agressés, pillés sans ménagement par les pays Occidentaux émergeant de leur révolution industrielle, ivres de cette nouvelle puissance, impérialiste, ce qui leur permettait d’effondrer des activités intérieures, artisanales, de créer de graves désordres économiques chez leurs « proies », des famines, en parachevant cette attaque frontale du système politique et social par l’introduction de … l’opium.
Ces gens ne seront pas prêts à nous faire de cadeaux. Nos problèmes sociaux, nos problèmes d’emploi, la dégradation de nos cadres de vie, ils s’en foutent éperdument. Si vous connaissiez les aspects du pragmatisme à la chinoise, l’absence d’états d’âmes de ce gens, cela vous donnerait froid dans le dos.
Alors, une révolution écologique, sans la Chine, sans l’Inde ? Cela a-t-il un sens ?
Vous ne pourrez pas limiter le dévorant appétit d’énergie de ces deux monstres
Il s’agit donc d’un des problèmes centraux que les hommes, ceux qui veulent échapper à la catastrophe qui déboule à vitesse grand V, doivent prendre à bras le corps, dans l’urgence. Or cette partie de votre ouvrage, sur ce plan, est indigente ( deux pages, : 87 et 88 ).
C’est normal. A chacun ses compétences.
Pour l’écologiste de terrain que vous êtes, les énergies renouvelables sont le solaire et l’éolien, version grand papa. Des capteurs sur les toits, des éoliennes ici et là.
C’est du bricolage.
En matière de solaire tous les pays qui vivent acculés à de vastes étendues désertiques cohabitent avec des réserves énergétiques hallucinantes. Les techniques existent et ont été testées avec succès en Espagne. Il s’agit par exemple de tours de béton, les plus hautes possibles. De nos jours l’édification de tours de mille mètres de hauteur, entretoisées et haubanées ne poserait strictement aucun problème. Ces imbéciles et ces champions toutes catégories du gâchis que sont les émirs de Dubaï ( qui « investissent dans le luxe » ) construisent une unité d’habitation dont la hauteur totale atteindra 800 mètres.
Au pied de ces tours, une vaste serre circulaire. C’est pour cela qu’on parle « déserts », parce que pour alimenter ces « tours des vents » il faut de la surface, une étendue de 2000 mètres de diamètre. Dans ces serres, de l’air à 80 degrés. D’où un puissant courant ascendant, dans ces tours-cheminées, exploitée par un ensemble de turbines situées à leur base. Capacité en puissance : des milliers de mégawatts.
Autre avantage : Sous la serre, un lac, une vaste étendue d’eau, sans surface libre, en contact avec l’air chaud à travers une paroi métallique. Elle fait office de puits de chaleur. Le jour, l’excès de chaleur sert à monter la température de l’eau. La nuit c’est cet accumulateur de calories, d’une capacité a priori illimitée, qui alimente la tour. Comme la température en altitude descend dès que le Soleil se couche, le rendement nocturne n’en est que meilleur.
Imaginez l’Egypte, flanquée de vastes étendues désertiques, produisant de cette façon son électricité. Imaginez les Emirats Arabes Unis donnant l’exemple, sur ce plan ( on peut toujours rêver ).
J’ai appris que l’Australie envisageait de s’équiper de centrales nucléaires, avec une arrière pensée stratégique, bien entendu. Les bombes ont besoin de plutonium, fourni par des réacteurs plutinogènes. Et cela alors que l’Australie pourrait, grâce à ses vastes étendues désertiques, produire son électricité grâce au solaire exclusivement !
Avez-vous pensé que l’habitant devrait être repensé de manière à exploiter au maximum l’énergie éolienne, non pas en dressant sur chaque bâtiment une bruyante éolienne tripale ( devenue un nouveau lobby ) mais en canalisant les flux aériens vers des turbines carénées, silencieuses et compactes ( avec vous remarqué au passage que depuis l’invention de l’aéronautique on est progressivement passé de l’hélice à la turbine. Je vous signale qu’ancien étudiant de Supaéro je suis expert en mécanique des Fluides ).
Connaissez vous les fantastiques solutions mises en œuvre en Mer du Nord, concernant l’exploitation de l’énergie des vagues ?
Etc… etc…..
Ca n’est qu’un aspect du problème, et des solutions. En même temps que l’on doit songer à préserver l’environnement, à lutter contre le gâchis, la pollution, vivre avec parcimonie, on doit mettre le paquet sur les énergies de demain.
Vous écrivez : « l’âge d’or, c’est fini ».
Je n’en serais pas aussi sûr que vous. Avant qu’un certain Drake, aux Etats-Unis, ne découvre les fantastiques possibilités offertes par le pétrole, qu’avait-on comme source d’énergie primaire ?
Le bois.
Imaginez notre monde actuel, sans l’existence du pétrole, cette substance grâce à laquelle la Nature a mis de côté des Himalaya d’énergie solaire, par le biais de sa biochimie.
Il ne resterait plus un seul arbre sur la planète.
Le nucléaire a des tas d’inconvénients, majeurs. Physicien, j’en suis parfaitement conscient. Mais, si ce n’étaient ces retombées négatives : pollution, déchets, comment imaginer qu’un nombre limité de centrales ait pu prendre aussi rapidement le relais du charbon, puis du pétrole ?
Dans votre ouvrage vous ne tenez pas compte de possibles bouleversements, positifs, qui pourraient être liés à l’émergence de technologies complètement outsider.
- Les champions de la machine à vapeur, fonctionnant au bois, n’avaient pas prévu l’émergence du moteur à combustion interne, alimenté par des hydrocarbures
- Si les centrales nucléaires n’avaient pas présenté tant d’aspects catastrophiquement négatifs, à terme, elles auraient représenté une alternative à l’énergie issue des combustibles fossiles.
En suivant cette logique, pourrait-il y avoir, en germe, en gestation, une technologie alliant les avantages du nucléaires sans charrier avec elle tous ses inconvénients ?
La solution de passe pas par ITER, je le dis tout de suite. La fusion Deutérium-Tritium produit des neutrons de haute énergie, qui activent les structures. Le tritium est dangereusement toxique. Ces centrale charrient des masses de problèmes technologiques non résolus et, au mieux, ce ne seront jamais que les machines à valeur du 3° millénaire, si jamais ces projets aboutissent, dans X décennies ( demandez à de Genne ce qu’il en pense ).
Le nucléaire balbutie, avec ses misérables cent millions de degrés dans les tokamak ( le Jet de Culham en Angleterre ), ou les 500 millions de degrés du règnent au cœur des bombes à hydrogène, pendant quelques millièmes de seconde.
Avec un milliard de degrés on pourrait viser, en impulsionnel, la fusion d’un mélange Bore 11 – Hydrogène 1 ( léger ). Produit de réaction : trois noyaux d’hélium et pas de neutrons. C’est … respirable. Avec ces « déchets » on pourrait multiplier les ballons, propulsés à l’électricité, grâce à des capteurs solaires !
Au pire, si cet hélium était relâché dans l’atmosphère, en quantités illimitées il … monterait et irait tout naturellement se perdre dans le cosmos.
Bémol :cette réaction n’est pas totalement « a-neutronique ». Elle s’accompagne de la création de quelques neutrons, du fait de réactions secondaires. Mais ça n’a rien à voir avec ces générateurs de neutrons que sont les tokamak !
Un milliard de degrés ! Mais comment les obtenir ? Où ? Par quel moyen ?
A l’aide d’un compression magnétohydrodynamique ( la MHD, mal connue en France est une de mes spécialités. Je crois que je peux même dire que je suis le meilleur spécialiste européen de ces questions ).
En 2005 la Z-machine des laboratoires Sandia ( Nouveau Mexique ) a permis d’obtenir
3,7 milliards de degrés
Tout cela a été publié en février 2006 par le physicien Anglais malcom Haines, directeur du laboratoire de physique des plasmas d’Imperial College, Cambridge U.
Echo en France : nul. Si on excepte la série d’articles que j’ai publié dans mon site Internet
http://www.jp-petit.com
L’analyse détallée du papier de Haines se trouve à la cote :
http://www.jp-petit.com/science/Z-machine/papier_Haines/papier_Haines.htm
passez cela à un de vos amis physiciens.
Ces recherches sont relativement bon marché. Coût d’une « Z-machine » : 50 millions d’euros. Moins du centième d’ITER ! Autour : 50 personnes, physiciens, ingénieurs, techniciens et étudiants. Une masse fantastique de sujets de thèses, soit dit en passant, pour étudier ce … cinquième état de la matière :
le plasma hyperdense
Pendant dix mois j’ai tout tenté, en vain, pour attirer en France l’attention sur cette filière outsider, évidemment balbutiante, celle du
Deux-temps à fusion, fonctionnant « comme un diesel »
Raisons de cette surdité :
- Ce projet gêne des entreprises pharaoniques comme ITER et Mégajoule
- L’incompréhension, le scepticime ( attitide typiquement française )
Au-delà : le risque de … dissémination de l’arme thermonucléaire, dans n’importe quel pays, à travers des « bombes à fusion pure », ne nécessaitant pas de produit fissile pour leur amorçage ( donc au passage miniaturisables et … non polluantes ).
Monsieur Hulot, sachez que les laboratoires de grandes puissances comme les USA, la Russie et la Chine travaillent activement sur le clou de la production technologique humine, qui est aussi la suprême dérision :
La bombe verte !
( pas de déchets, pas de pollution, pas de radioactivité )
Kill me cleanly
Comment comprimer le mélange de fusion ? Avec des électricité fournie par quoi ?
Réponse dans mon site. Depuis les années cinquante les Russes sont passés maîtres dans l’art et la manière de transformer l’énergie d’un explosif en électricité ( ce qui fut aussi mon thème de recherche expérimentale entre 1965 et 1974 ).
Seuls les militaires français (SGDN, service général de la Défense Nationale, CEA militaire, DAM, division des applications militaires ) comencent à prendre (vaguement) conscience de la possible émergence de ces « nouvelles armes » ( alias des « mini-nukes », exemptes de signature radioactive. Des bombes nucléaires « furtives » en quelque sorte ).
Comme il fallait s’y attendre, le nouveau bon en avant technologique passe par l’émergence de .. nouvelles horreurs. Un parallèle éternel et incontournable.
Pourtant, la solution, j’en suis convaincu, elle est là. Du Bore, il y en a partout, dans tous les pays, à profusion. Avec de l’énergie on fait de l’électricité, aisément transportable et avec cette électricité on fait … n’importe quoi. On dessale l’eau de mer, on rend les déserts cultivables, on creuse des canaux, on … dépollue.
Au passage ces très fortes températures, d’origine nucléaire, permettraient de retraiter en les « craquant » les déchets issus des générateurs précédents. Simple détail…..
En 2005 on a dépassé les trois milliards et demi de degrés. Mais cette technique n’est pas a priori limitée. La Z-machine américaine développait 18 millions d’ampères en 100 nanosecondes. En 2007 son successeur, la machine ZR développera 28 millions d’ampères. Or la température de crête croît en principe comme le carré de l’intensité électrique. Les mille milliards de degrés, qui règnent au coure d’une supernova, ne sont pas hors de portée. Or une telle température permettrait de créer par nucléosynthèse n’importe quel atome ( les supernova sont des réacteurs synthétisant les noyaux les plus lourds ).
Pourquoi un tel bon en avant après des décennies de stagnation ? Parce que le système du « liner à fils » du laboratoire Sandia ( une technique incroyablement rustique ) a produit, contre toute attente, des implosions stables. Les températures escomptées ne dépassaient pas dix millions de degrés. A leur plus grande surprise
les chercheur ont obtenu 370 fois plus !!
Depuis, on minimise, on joue à bureaux fermés. Les bombes d’abord ! La presse est muselée, y compris la presse scientifique. Aux USA, en Angleterre ( pays « satellite » ) on désinforme à tour de bras.
Point n’est besoin de désinformer les français : ils savent très bien le faire tous seuls !
Cette lettre, de même que les quatre pages que j’ai mises sur mon site ne sont que des bouteilles à la mer. Si vous avez dans vos relations un physicien compétent, demandez-lui de m’entendre. Une heure suffira. Je suis à la retraite, j’habite Bruxelles, je suis à 1 h 30 de train de Paris.
Il faudrait, en urgence, constituer un groupe de travail centré sur les nouveaux moyens de production d’énergie. Il faudrait envisager la parution d’un livre. Vous pourriez le signer ( vous pourriez compter sur mes talents, gratuits et anonymes, d’illustrateur et de vulgarisateur ). Les droits financeraient les travaux d’une fondation. Cet ouvrage compléterait utilement, je vous le dis, votre manifeste écologique.
C’est la pièce manquante de votre dispositif.
Jean-Pierre Petit , Ancien directeur de recherche au Cnrs
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