Texte mis à jour le 12 juillet 2007

Si vous volez sur un ULM pendulaire Cosmos, équipé d'une aile Chronos 14, lisez ce dossier et vérifiez votre machine.

J'ai du attendre des années avant de pouvoir donner ici mon témoignage concernant un très grave accident dont furent victime mon ami Robert Dalmau et son passager-client, Alsio Origlio, qui les laissa tous deux infirmes à vie. Dalman ne peut plus marcher, il se traîne. Les atteintes neurologiques qu'il a subi ont fait de sa vie un véritable enfer de souffrance. Je ne sais ce qu'est devenu son passager-client, dont j'ignore l'identité et les dommages corporels qu'il a subi. Cet accident se produisit en France, à l'aérodrome de Gap Tallard le 26 mai 1997.

Dalmau se considérait comme une sorte de pilote attitré pour la société Cosmos, pionnière en matière d'ulm pendulaires. Je vois en consultant le site que cette société est la première au monde en ce qui concerne la vente de pendulaires. Ces ailes ont l'allure ci-après :

 

pendulaire

ULM pendulaire

 

Ce n'est pas une photographie de l'aile Cosmos sur laquelle Dalmau et son passager furent accidentés, mais l'allure est très voisine.

Le pendulaire Cosmos incriminé était équipé d'une aile Chronos 14, montée sur un chariot Cosmo " bidulum ".

J'ai pu vérifier tout récemment, en juillet 2007, qu'on trouvait dans les clubs des pendulaires cosmos équipés d'ailes Chronos 14 ( à l'aéroclub ULM de Nivelles, Belgique ). Je viens d'avoir Robert au téléphone qui pense qu'il doit encore exister des machines dotées d'un tel montage et qui sont en service.

J'incite donc fortement tous les possesseurs de charioits équipés d'ailes Chronos d'effectuer cette vérification en urgence !

 

Voici les faits.

Je connaissais Dalmau de longue date, depuis le milieu des années soixante-dix. Il fut un des pionniers en matière d'ULM pendulaires et un des promoteurs du vol sur ce type d'engin. Il bénéficiait d'un nombre d'heures de vol impressionnant. Il m'arrivait de lui louer sa machine pour aller faire un tour de temps en temps, à partir de l'aérodrome où il était basé, dans le sud de la France. Le pendulaire de cette époque était très amusant. Dénué de tout fuselage il donnait l'impression d'être la " bicyclette de l'air ". On voyait le vide sous ses pieds.

Je suis venu un jour de 1997 au terrain de Tallard avec deux amies qui souhaitaient prendre leur baptème de l'air sur cet appareil. Quand nous sommes arrivés, Robert Dalmau venait de se poser après avoir fait un vol avec un client. Fin pilote il avait senti " que la machine tirait à gauche ". Il décida de déposer l'aile et de l'examiner. Je l'aidais à réaliser l'opération. Lorsque nous eûmes sous les yeux la jonction bord d'attaque - transverale j'eus un haut-le-corps. Je réalisais à l'époque des croquis extrêmement précis, qu'utilisa l'expert aéronautique commis lors du procès que Dalmau intenta à la société Cosmos. C'est précisément parce que ces dessins étaient les pièces essentielles du procès que je ne pus en faire état pendant des années, pendant toute la durée du procès, sous peine de rendre ces documents juridiqueent non valides. Je n'ai pour le moment pas pu retrouver ces dessins dans mes archives-cd. Je viens d'avoir Dalmau au téléphone, qui m'a dit qu'il allait les récupérer chez son avocat, Maître Magret, résidant à Bordeaux et qu'il me les ferait suivre. Dès que j'aurai ces dessins je les scannerai et je les incluerai dans le site.

Il ne s'agit donc dans ce suit que d'une première évocation schématique.

Une voilure de pendulaire est fixée sur un bâti fait de tubes d'alliage léger. Voir schéma du dessus. Ce bâti comporte deux jontions bord d'attaque - transversale ( flottante ). Dans le montage que nous examinâmes, Dalmau et moi, les deux tubes étaient fixés par une simple tige filetée sur toute sa longueur et boulonnée. Aux deux extrémités on pouvait attacher des câbles constituant les haubans supérieurs et inférieurs. Comme on peut le voir, les haubans inférieurs viennent se fixer sur la barre horizontale du " trapèze ". Ces deux haubans subissent des tractions très importantes. Le boulon traversant de part en part les deux tubes subit donc des efforts de traction et de flexion.

 

montage_schematique_chronos

Schéma de l'assemblage bord d'attaque - transversale

 

Dans le montage de cette aile Chronos 14qui équipait cette machine Cosmos " bidulum " de l'époque on voit comment ce hauban inférieur H sollicite en flexion la tige filetée qui traverse les deux tubes. Entre les tubes, des couples de jonction en plastique. Mais à l'intérieur des tubes pas de manchonnage ! Un manchonnage qui aurait empêcher la tige de fléchir.

Un tel montage est totalement aberrant

Comme on peut de voir dans le dessins de gauche, les efforts successifs subis par ce montage avaient entraîné la rupture de la tige filetée, en plein milieu du tube constituant le bord d'attaque. Une tige filetée n'est pas le dispositif se prétant le mieux à des efforts de flexion alternée. C'est même le pire qu'on puisse imaginer, puisque les filets constituent autant d'amorces de rupture.

Mais par chance le système était resté en place, du fait de la forte traction latérale. Voir dessin de gauche.

En fait le tableau clinique de montage était bien pire encore. Quand j'aurai le dessin d'origine le lecteur pourra s'en rendre compte. Je ne voudrais pas reproduire, de mémoire, quelque chose d'imprécis. Il y avait une autre pièce, plate, de 5 mm d'épmaisseur, qui était fendue sur 5 cm. Il ne restait plus qu'un cm de métal. La conclusion était que Dalmau et son compagnon avaient eu ce jour là beaucoup de chance. S'il n'avait pas procédé à cet examen, ce sont les deux jeunes femmes qui étaient venues avec moi pour faire leur baptème de l'air qui auraient été sans doute victime d'un grave accident, avec Dalmau, pilote.

J'écrivis personnellement trois courriers.

- L'un au fabricant.

- Le second au président de la fédération ULM

- Le troisième à la revue "Vol Moteur", sous forme d'un article informati que je souhaitais voir publier dans ses colonnes.

Aucune réponse.

Quelque temps après j'ai su que Dalmau avait été gravement accidenté, sur machine Cosmos avec une aile Chronos 14.

Parfois on " n'écoute pas les avertissements ". Quelques mois après avoir découvert que ces ailes étaient aussi mal construites, Robert en a acheté ... une autre, d'occasion.

- L'aile avait l'air saine, m'a-t-il dit.

Ce sont ses propres mots. Elle avait 200 heures de vol. Robert ne pratiqua pas sur celle-ci l'examen que nous avions fait ensemble. La rupture se produisit au décollage, lorsqu'il montait, avec un client. Cette fois la tige filetée fut éjectée, solidaire du cable hauban inférieur. Le bord d'attaque ne se rompit pas, mais le cable partit se loger dans l'hélice. En s'enroulant autour de l'axe il opéra une violente traction sur le trapèze, que Dalmau ne put contrôler. La machine, s'engageant en pîqué et percuta le sol.

 

accident_dalmau

L'accident sur Cosmos, aile Chronos 14, mai 1997. Pilote : Robert Dalmau. Passager Alsio Origlio. Lien : aérodrome de Tallard, France

 

Suite à cet accident la société Cosmos ne fit paraître aucune note d'avertissement à l'attention des acheteurs de ce type de machine ( dixit Robert Dalmau )

Voilà ... les faits.

Cette affaire comporte un troisième temps. Après que cet accident grave se soit produit et que le procès était déjà en cours je volais en delta dans une région des Alpes de Hautes Provence. Là, un homme d'une trentaine d'années tenait un ensemble boutique-restaurant-dortoir à l'usage des hommes volants. Accessoirement il donnait des baptèmes sur une machine pendulaire identique à celle qui s'était brisée en l'air après cent heures de vol. Je l'en avertis. l'année suivant, je repassai le voir pour lui acheter un vario.

- Alors, qu'en était-il de cette aile ?
- Vous aviez raison. La pièce d'assemblage était identique au dessin que vous m'aviez fait.
- Alors, qu'avez-vous fait ?
- J'ai écrit au constructeur en lui demandant si cette pièce pouvait poser problème. Il m'a répondu par courrier que non, dans la mesure où j'effectuais les changement de boulonnerie qu'il spécifiait dans sa notice d'accompagnement.
- Et alors, qu'avez-vous fait ?
- J'ai changé cette boulonnerie et j'ai revendu la machine à un client.
- L'avez vous prévenu de ce problème potentiel ?
- Euh, non.....

Non, tout simplement. Couvert par cette lettre il avait tout tranquillement revendu un machine sous laquelle il ne se sentait plus en sécurité.

Cela me rappelle la phrase d'un chef de centre ULM, il y a quelques années :

- Nos machines école commencent à avoir pas mal d'heures. Il faudrait que nous songions à les revendre.....

Il existe un terrain d'ULM à Nivelles, en Belgique. Y volent des appareils qui ressemblent à des avions légers, biplaces, avec cabines. Dans un hangar j'ai découvert en outre deux pendulaires Cosmos, équipés d'ailes Chronos 14, je crois. Jacky Tonet, qui travaille actuellement à la mise au point d'un prototype d'hélicoptère léger H2S, pour la société Dynali est un ancien concepteur d'ULM " trois axes ". En inspectant les voilures des ailes Chronos de ces machines Cosmos j'ai retrouvé les fermeture éclair qui sont l'équivalent pour ces machines des "trappes de visite " et permettent le montage de ces ailes. Nous avons leté un oeil sur les jonctions transversales-bord d'attaque. On retrouve bien entendu la fixation à l'aide d'un système boulon-écrou, aux extrémités de laquelle partent les haubans inférieurs et supérieurs. Mais qu'en est-il du reste ? La tige de jonction a-t-elle été manchonnée ? J'ai signalé cela à Jacky Tonet en lui recommandant de suggérer aux possesseurs de ces machines d'effectuer ces vérifications. En toute logique le montage a du être amélioré, modifié en conséquence. Ce que nous avions découvert avec Dalmau était proprement aberrant.

J'ose espérer que Jacky Tonet a informé ces gens. Mais même si ces montages-là sont devenus sains ( la société Cosmo pourra produire une vue du système de jonction transversale - bord d'attaque qui équipe ses machines d'aujourd'hui ), il reste une question.

 

Existerait-il encore des machines présentant de tels risques de rupture qui soient encore en service ?

 

En terme de procédure le passager de Robert Dalmau, Alsio Origlio déposa une plainte contre X, qui s'orienta aussitôt vers Robert Dalmau, propriétaire de la machine. Celui-ci attaqua à son tour la société Cosmos. Au terme d'un procès qui dura cinq ans la société fut déclarée responsable et le passager fut idemnisé à hauteur de 60.000 euros ( 400.000 FF ). Les responsabilités furent attribuées pour 2/3 à la société Cosmos et pour 1/3 à Robert Dalmau. Les deux compagnies d'assurance, celle du pilote et celle du constructeur, supportèrent ces frais.

La compagnie d'assurance du constructeur, sans doute peu au fait des subtilités de la mécanique ne se retourna pas contre le constructeur, pour vice de fabrication et paya rubis sur l'ongle. Il est vrai qu'à l'époque ( et sans doute encore aujourd'hui ) n'importe qui pouvait fabriquer n'importe quoi, n'importe comment. En vertu de quelles normes de conception et de fabrication la compagnie d'assurance aurait-elle pu attaquer le constructeur ?

Ce qui est choquant c'est que la société Cosmos ait laissé dans son sillage deux infirmes, à la suite d'une faute technique incontestable, sans qu'il lui en ait coûté un centime. Je ne sais pas si la compagnie d'assurance pourrait encore se retourner contre la société Cosmos, mais si elle le faisait il lui serait facile, sur la base du dossier technique et du descriptif de la pièce incriminée d'obtenir un nombre illimité d'attestations émanant de spécialistes de l'aéronautique et de la résistance des matériaux attestant que ce montage était aberrant. A l'inverse il serait bien difficile à la socoété Cosmos de trouver des spécialistes qui se hasarderaient à déclarer le contraire, sauf s'ils souhaitaient se discréditer immédiatement. Dès que j'aurais récupéré les dessins inclus dans le dossier de justice, je les publierai. Dalmau s'occupe de les récupérer.

La trajectoire des sociétés conceptrices, vendeuses, ou imprttatrices d'ultra-légers, motorisés ou non, est semée de morts et d'infirmes. Dans ce cas précis si la compagnie d'assurance et avait eu gain de cause, la chose aurait pu faire jurisprudence et inciter les constructeurs à apporter plus de soins à leurs montages.

A la réflexion c'est bien la seule chose qui aurait pu modifier le cours de cette histoire dramatique, étant donnée la totale surdité des pouvoirs publics, depuis l'avènement de ce sport

Y a-t-il un réglement qui prescrit la durée de vie des ultra-légers, ou est-on toujours dans le flou artistique le plus complet ? Les ULM sont-ils toujours dispensés de la tenue d'un carnet de vol, d'un livret aeronef, de contrôles techniques périodiques ? La société Cosmos, suite à l'accident de Dalmau a-t-elle prévenu par voie de presse ( il existe et existait déjà à l'époque une presse spécialisée dans ce domaine comme Vol Livre Magazine ) les possesseurs de machines de ce tytpe qu'il risquaient d'y laisser leur peau ? Comme indiqué dans cette page l'expérience a montré que d'autres machines, aussi dangereuses, étaient toujours en circulation. En existe-t-il encore ? La société Cosmos envisage-t-elle de publier sur son site un communiqué avertissant ces gens ?

Robert Dalmau, déclaré invalide à 75 % ( plus ses douleurs, chroniques ) n'a pas encore, à ce jour, été indemnisé. Il peut être contacté soit à son domicile :

Robert Dalmau
Les Hugues
05130 Tallard

et à l'adresse e-mail suivante :

e-mail_dalmau

 


 

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