Commentaire de jean-Christophe Rabouin

6 août 2002

 

J'ai lu avec attention votre article paru le 6 aout 2002 concernant les armes bactériologiques utilisées par les Japonais en Chine. Dans votre exposé, vous présentez une maladie pour laquelle la présence d'un gène de la maladie sur un seul chromosome produit un individu malade, alors que la présence simultanée du gène sur les deux chromosomes produit un individu sain. Or, je viens de lire récemment un article (ci-joint) exposant les raisons pour lesquelles on peut obtenir ce type de résultat. J'attire votre attention en particulier sur le paragraphe traitant de la couleur des renoncules et sur ceux tritant des fragments d'ARN inhibant l'expression de gènes, les rendant de fait silencieux.
                                     Cordialement,                      Jean-Christophe Raboin

Le mail de J.C.Rabouin était accompagné d'une pièce jointe représentant la copie en pdf d'un article paru dans le Wall Stree Journal Europein intitulé

The Silent Treatment
Some Genes May Exist
Simply to Stop Others

(Le "traitement silencieux". Certains gènes pourrait n'avoir pour fonction que d'inhiber celle d'autres gènes).

Article d'Antonio Regalado

En bas de page www.pressplus.com     Pour contacter directement : J.C.Rabouin et avoir l'intégralité de ce fichier pdf, dont je vais essayer de résumer ici le contenu.

Dans l'article consacré aux armes bactériologiques j'avais évoqué les lacunes des connaissances des biologistes en matière de génétique, en citant l'exemple de la séquence liée à l'apparition du glaucome et au fait que lorsque cette séquence était présente deux fois la maladie ne se déclenchait pas. La papier que J.C.Rbouin m'envoie confirme tout ceci. En résumé un biologiste nommé Richard Jorgensen, se livrant à des manipulations génétiques sur des pétunias eut l'idée suivante. Après avoir identifié la séquence génétique qui était responsable de la couleur rouge, dans cette plante, il voulut voir si l'intensité de la couleur ne pourrait pas être accrue en clonant deux fois le gènes. Et voici ce qu'il obtint (objet qu'il baptisa aussitôt "le danseur cosaque") :

La fleur ne devint pas totalement blanche ou totalement rouge mais afficha à son éclosion cette forme singulière. Dans la suite de l'article on parle évidemment "d'interaction de gènes". Tout se passe comme si les biologistes venaient de découvrir qu'en dehors d'une fonctionnalité purement lexicale de ces "mots" du vivant que son les gènes pourraient exister des règles syntaxiques, grammaticales, voire des contextes sémantiques. Cette découverte se propagea immédiatement comme une traînée de poudre à travers les laboratoire et on y vit bien évidemment le signe que certaines affections, associées à des séquences génétiques, pourraient être traitées en découvrant, en activant ou en greffant le "gène inhibiteur". L'article dit "quand la carte complète du génôme humain fut publiée, l'an passé, les scientifiques réalisèrent qu'ils n'avaient pas la moindre idée du rôle joué par 98 % des gènes identifiés". On donna à ces gènes non-identifiés le nom de "gènes silencieux". La découverte récente suggère que nombre de ces gènes pourraient aoir un rôle inhibuteur. Un peu plus loin l'auteur de l'article écrit "It was an almost retro process" (cela faisait presque penser à un phénomène de contre-réaction).

Il y a deux façons de "lire" cette spectaculaire découverte. On remarquera au passage qui si on transposait au glaucome "l'effet du danseur cosaque" un enfant dont le génôme porterait deux fois cette séquence, au lieu d'avoir une vue normale ou de devenir aveugle, pourrait devenir "semi-aveugle", sa rétine ne réagissant par exemple que dans certains secteurs correspondant à la figure du "danseur cosaque".

Les généticiens disposent effectivement de nouvelles clefs pour tenter d'agir sur le vivant. Mais, au passage, il devient évident que les différents segments d'un génôme interagissent entre eux, comme les mots d'une phrase, ou les phrases d'uin texte. Personne ne semble accorder la moindre attention aux éventuels aspects négatifs de ces techniques. Jusqu'à présent la stratégie était des plus simples. Tel être vivant (ceci incluant l'homme) présente une carence en tel ou tel bio-produits, ceci étant considéré comme "une maladie génétique". Qu'à cela ne tienne : il suffit de greffer sur son génome le gène manquant. Testard dans "L'Oeuf  Transparent" note que ces techniques de traitement des maladies génétiques par mise en oeuvre d'un "engineering génétique" n'ont jusqu'à présent, sur l'homme, jamais rien donné. Tout ce qu'on sait faire c'est ... rendre des souris fluorescentes. Or apparemment les choses sont loin d'être aussi simples. ce qui qui ressort des ces travaux récents, dont beaucoup de gens se doutaient (dont moi) c'est qu'un génome n'est pas une succèssion d'ordres élémentaires que l'ont peu traiter isolément, de même qu'un livre n'est pas qu'un simple assemblage de mots. Un changeant un mot d'une phrase, d'une procédure, d'un contrat, on peut modifier totalement l'effet attendu. Tout cela incite à la modestie. Or ce n'est pas du tout ce qui ressort de cet article, où les biologistes ont une fois de plus l'impression de se trouver face à un nouveau "far west" ou tout est à tenter et à entreprendre. Un dangereux jeu d'apprenti sorcier, dans tous les domaines du vivant.

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