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presse :
Essais nucléaires au Palais
AVIGNON /TRIBUNAL CORRECTIONNEL
Le médiatique astrophysicien Jean-Pierre
Petit a comparu pour « diffamation » sur internet poursuivi par
l'ex-directeur de Marcoule.
« Est-il oui ou non possible que
des essais nucléaires souterrains aient eu lieu dans l'hexagone ? ». Cette
question a été posée lundi soir devant le tribunal correctionnel d'Avignon qui
a eu à examiner, après une dispute d'ivrognes et une affaire de vol de carte
bancaire par ruse à un distributeur, un fait de société inhabituel à plusieurs
titres.
Par le "délit" d'abord : la diffamation
sur internet en est encore, en France, au stade de la jurisprudence. Par les
protagonistes : le prévenu était le très médiatique astrophysicien Jean-Pierre
Petit, 65 ans, directeur de recherches au CNRS ; et le plaignant Antoine
Giudicelli, 73 ans, ex-directeur du centre nucléaire de Marcoule. Par le
thème de fond, enfin, qui portait tout simplement sur les essais nucléaires
français.
L'objet de la prévention est, au départ, un texte
que Jean-Pierre Petit a publié sur internet. Sur son propre site: http://www.jp-petit.com Un texte dans lequel
l'astrophysicien évoque une soirée entre amis, qui a eu lieu en juillet 2000, à
Remoulins (lire aussi en pages "International"), au cours de laquelle
Antoine Giudicelli aurait affirmé que les ingénieurs français étaient capables
de mener aujourd'hui des essais nucléaires souterrains dans l'hexagone,
indétectables au sismographe.
L'ancien directeur de Marcoule aurait même laissé
clairement entendre que de tels essais avaient déjà eu lieu.
Antoine Giudicelli avait déposé plainte pour
diffamation publique contre Jean-Pierre Petit, affirmant n'avoir jamais tenu de
tels propos.
« Cet
article sur internet a-t-il eu des conséquences vis à vis de votre hiérarchie
? » demande la présidente Sylvie Pérez à Antoine Giudicelli.
On
se méfie de moi. On évite de me parler. On ne m'invite plus. On me tient à
l'écart.
L'avocat de la défense, M" Hubert Gasser, reprend la balle au bond : « Si vos amis savent
qu'il n'y a pas d'essais souterrains, ils n'ont aucune raison de vous faire la
gueule ! » L'ex-directeur de
Marcoule répond que le CEA ne dément pas les mensonges, il laisse dire. II ne
polémique pas ».
La présidente revient à la soirée en
question :
. Avez-vous eu ce soir-là un entretien avec
monsieur Petit sur le nucléaire ?
- Non.
- Ce n'est pas vrai, il a dit clairement que des
expériences nucléaires souterraines avaient eu lieu dans l'hexagone.
La
défense rappelle à ce propos qu'elle dispose de deux témoignages celui de la
propre épouse du prévenu et celui d'André-Jacques Holbecq, pilote de Concorde,
« qui ont assisté à la conversation en question ». L'avocat de la défense
s'adresse au plaignant:
-
Cette thèse des essais souterrains est-elle, dans l'absolu, plausible ?
- Je ne réponds pas à cette question.
La présidente insiste :
-
On n'est pas su Nevada...
L'avocat de la partie civile, M" Jean-Michel
Abensour, s'en est tenu strictement à l'aspect juridique du dossier.
La
notion de "prescription" en matière de diffamation sur
internet » donna lieu notamment à de longs débats (lire ci-contre). Au
titre de la partie civile, l'avocat a demandé finalement, en réparation de ce
qu'il estime être "un gros préjudice moral" la somme de 200 000 F de
dommages et intérêts.
Jean-Pierre
Petit, de son côté, ramena inlassablement le débat sur les essais nucléaires
souterrains.
Le substitut Alain Bisiach recentre les débats entre les deux lignes: « On a, d'un côté, une personne qui se trouve dans le secret des projets gouvernementaux et de l'autre un intellectuel, un trublion, qui estime avoir le devoir moral de balancer les informations qu'il détient ». Mais en l'occurrence il estime que l'intellectuel s'est un peu trop avancé : « Vos informations ne sont pas vérifiées. En l'occurrence elles sont invérifiables. Peut-être qu'un jour ce que vous dites sera prouvé et alors on vous dressera une stèle.. ». Le substitut requiert une amende de 3000 euros avec sursis.
Me Hubert Gasser, l'avocat de la
défense, estime que le préjudice subi par le plaignant est uniquement symbolique
et demande au tribunal de réduire à l'euro symbolique la demande de dommages
et intérêts. L'essentiel est ailleurs. Profitant de la tribune offerte par ce
procès, il rappelle que les essais nucléaires français sont officiellement
arrêtés depuis 1996 et qu'ils doivent être remplacés par des essais de simulation
prévus à Bordeaux en 2008. L'avocat ne croit pas à cette interruption de douze
années. « La France doit continuer à faire des essais nucléaires ». Me
Gasser précise que des essais souterrains sont possibles dans une mine de
lignite par exemple, comme à Gardanne dans les Bouches-du-Rhône. A Gardanne où,
justement, ont été ressenties à plusieurs reprises de mystérieuses vibrations.
A Gardanne où des mesures de radioactivité ont été faites, que personne n'a pu
nous expliquer...
Le tribunal a mis son jugement en délibéré au mercredi
4 septembre prochain.
Tribunal correctionnel d'Avignon
Conflit entre scientifiques à propos d'essais nucléaires
Directeur au CNRS, Jean-Pierre Petit avait
rapporté sur intemet des propos contestés sur des essais nucléaires qui
auraient été pratiqués à Gardanne
-
Des essais nucléaires sur le sol français, du
moins en métropole, sans que personne, à l'exception des militaires ne le
sache jamais. L'information dévoilée par un scientifique sur son site internet
avait fait l'effet d'une bombe lors de sa parution. Une bombe à retardement
qui a valu à son auteur de comparaître avant-hier à la barre du tribunal
correctionnel d'Avignon pour diffamation. Directeur de recherche au CNRS,
Jean-Pierre Petit demeurant à Venelles ne semble pas homme à affirmer les
choses à la légère. Profitant de la formidable tribune que constitue le net,
il avait écrit sur son site personnel que des essais nucléaires auraient
pu être pratiqués, peut-être dans les mines de Gardanne. Et notre chercheur
de chercher à étayer cette information par un propos tenu lors d'une soirée
amicale à Rochefort-du-Gard, par l'ancien directeur du CEA de Marcoule,
Antoine Guidicelli.
Secret défense "Nos techniques d'absorption de choc sont maintenant
si affinées que nous pouvons faire exploser des charges de telle façon que
le signal se perde dans le bruit de fond de la sismicité générale de la planète
" aurait dit l'ancien directeur de Marcoule entre
la poire et le fromage. Propos démenti par l'intéressé qui poursuit donc
le scientifique en diffamation. Il est vrai que le propos avait fait le tour
du CEA et entaché la réputation de l'ancien directeur.
Un
propos qu'il sera difficile de vérifier, même si le témoignage d'un pilote
de ligne sur Concorde, présent à la fameuse soirée mondaine, fait pencher
la balance de la justice en faveur de Jean-Pierre
Petit Quant â 1'ancien directeur du CEA, il n'en dira pas plus.
Secret défense A cet imbroglio vient s'ajouter des demandes de nullité de
la procédure ainsi que la prescription. Le tribunal a choisi d'aborder le
fond du procès lundi, et rendra son jugement le 4 septembre.
J.-L.
PARPALEIX