Délocalisations
29 novembre 2004
Témoignage de Shiwaz
Exemple Un
La société
qui m'employait, multinationale pétrolière, avait environ soixante-dix
informaticiens dans son département systèmes d'information en France
au 1er décembre 2003 et n'en comportera plus que 6 au 1er décembre
2004.
La différence (-64) ne témoigne pas d'un accident
d'avion, mais du fait que le gouverneur indien de l'Andra Pradesh a convaincu
(facilement) les entrepreneurs nord-américains que leur informatique leur
coûterait cinq fois moins cher en Inde que dans les divers pays développés
où ils ont coutume de faire des affaires, et que cela faisait plus que
compenser les problèmes inévitables qu'il faut attendre d'une organisation
si différente.
Les actionnaires vont pouvoir se frotter les mains,
en théorie du moins, car je crains que les dividendes de l'opération
ne finissent en fait sur les comptes personnels des décideurs de la société
plutôt que dans leurs dividendes, ils n'ont pas encore mesuré le
degré de corruption des hommes à qui ils ont accordé leur
confiance. Ceci n'est pas une calomnie en l'air, l'ancien patron-fondateur d'une
société (opérateur de télécommunications) pour
qui j'ai également travaillé ayant piqué au moins 800 M $
dans la caisse de sa propre société pour ses faux-frais, ce pourquoi
il est aujourd'hui poursuivi par la justice américaine, également
pour quelques faux en écritures et maquillage de comptabilité, broutilles
que ceci. Et il ne doit pas être le pire des membres de son club (il a été
classé au septième rang parmi les hardis businessmen des USA par
une grande revue économique, trois places devant Bill Gates, c'est bien
pour un ancien prof de gym d'une petite école canadienne).
Et
les syndicats ? Leur caisse est remplie par le patron par le biais du Comité
d'Etablissement, ils seraient bien ingrats d' émettre une ombre de protestation
qui pourrait passer pour de l'indiscipline. De toute façon, les représentants
syndicaux sont en France des travailleurs protégés, ils sont à
l'abri des licenciements abusifs, l'Inspection du Travail y veille, quand je pense
qu'il y en a qui se plaignent.
Exemple Deux
Un ami de mes parents avait repris l'entreprise artisanale de sellerie créée
par son père et en avait maintenu et développé la réputation
de qualité. Six ouvriers qualifiés selliers travaillaient pour lui
et sept familles vivaient honnêtement et confortablement des profits générés.
Il a pu élever dans l'aisance son unique fille, et tout le monde se satisfaisait
de cet état de chose.
Le brave homme légua l'affaire à
sa fille et son gendre, qui en appréçia le rendement mais le trouva
insuffisant. Logiquement, il se débarrassa du personnel français
et fit travailler des ouvriers agricoles non qualifiés mais avides d'apprendre,
au Maroc. Grâce à cela, il fit fortune , toujours avec une petite
affaire produisant quelques dizaines de selles pour cheval de course par mois,
et Madame a sombré dans le luxe et disons le carrément, la cupidité
et la vanité affichée, son souci principal concernant la couleur
de sa prochaine Jaguar, qui ne doit pas être celle de tout le monde. Pour
le bon docteur Pangloss, tout va toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes
possibles, mais le monde n'est plus le même qu'avant, et tant pis pour ceux
à qui ça déplait.
Conclusion provisoire
Je ne peux que partager vos craintes quand je vois la classe politique française
si dédaigneuse de traiter ce genre de petit problème autrement qu'en
disant en avoir conscience au plus haut point (tout en se croisant les bras),
au mieux, ou en affirmant une fois de plus la "nécessité des
modernisations" dans le plus pur style néolibéral clairvoyant
et prophétique (abandon total de l'homme politique à la force des
choses, pur style gouvernement français de Vichy sans même avoir
à déménager).
Autre dossier : "Les Chinois et moi"
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