Quand Science et Vie, les soucoupes volantes
et Jean-Pierre Petit faisaient bon ménage

 

C'était en 1974. Je ne sais plus quand cela avait commencé. En 1972, je crois. J'ai fait des tas d'articles, sur le deltaplane, sur la façon dont volait les mouches. Voilà des pdf, envoyés par un lecteur, Elno, qui correspondent à des articles parus dans Science et Vie en 1974.

L'article d'aôut 1974                L'article d'octobre 1974

A l'époque je signais Mylos. C'était le nom du magnifique voilier de 9 mètres de mon ami Louis de Fouquières, tout en bois, plancher en teck. Qui navigue dessus maintenant ? Je ne sais pas. Mais j'ai passé de sacré moments sur cette merveille. Louis, maintenant ... navigue dans les étoiles. Un jour je raconterai comment on s'est connus. Quarante ans d'amitié, non-stop avec cet homme hors du commun sur tous les plans.

Encore à cette époque j'étais comme un poisson dans l'eau à la rédaction. Eh puis il y a eu l'article " un moteur à plasma pour ovni ". Le succès fut important et la revue fut obligée de procéder à un retirage pour satisfaire la demande des lecteurs. C'est la raison pour laquelle Philippe Cousin, son rédacteur en chef, décida de m'offrir un périple aux Etats-Unis, en 1976, à l'occasion du bicentenaire de la révolution américaine. J'ai fait le compte-rendu de ce voyage dans un livre, les Enfants du Diable, qui ne put paraître que ... vingt ans plus tard, aux Editions Albin Michel. En cette fin d'année 1976 je tombais soudain complètement en disgrâce dans la revue. Avec le recul, j'ai maintes fois essayé de comprendre ce qui déclencha un tel phénomène de rejet. Des gens avec qui j'avais eu des rapports très conviviaux, soudain, me battirent froid, les uns après les autres.

Je crois qu'il faut chercher du côté des mécanismes psycho-socio-immunologiques. Mes travaux de MHD, ma publication de 1975 aux Comptes Rendus de l'Académie des Sciences de Paris, la façon dont j'avais défait en combat singulier et en public le terrible Grand Inquisiteur de l'Union Rationaliste, l'académicien Evry Schatzman créèrent un " état inflammatoire " avec effet de choc en retour.

Mon intérêt pour le dossier ovni m'a coûté très cher sur le plan professionnel. Pendant 28 ans j'ai du tenir le choc, sous l'effet d'attaques incessantes. Seule la qualité de mes travaux scientifiques me sauva à chaque fois la mise comme en 1987 quand James Lequeux, alors directeur de l'obersatoire de Marseille où j'étais affecté avait négocié mon exclusion par lettre de cachet, avec la Direction Général du Cnrs. Je fus réintégré trois mois plus tard, grâce à deux articles de cosmologie publiés dans l'excellent revue Modern Physics Letters A.

                                            Point de franches lippées
                                            Tout à la pointe de l'épée

Ca n'est pas confortable de refuser le collier, de refuser de mettre un genou en terre, de se déjuger. On peut y perdre la vie, comme ce fut le cas pour Jacques Benveniste, pour Michel Bounias. Comme avait coutume de dire Rémy Chauvin :

- Dans nos milieux université-recherche il ne faut rien exagérer. Ca ne va jamais plus loin que l'assassinat ....

Au delà de la privation de crédits de recherche, de frais de mission, toutes les portes se fermèrent les unes après les autres. Voici un dernier article que j'ai pu faire paraître en 1980 dans la revue Pour la Science, qui me ferma aussi par la suite ses portes, tous sujets confondus. J'avais pourtant cosigné en 1979 un article de mathématiques qui devait faire date dans l'histoire du retournement de la sphère.

L'article dans Pour la Science, sur la MHD

Cet article est amusant parce qu'il est illustré par une photo qui avait été prise en 1975 dans l'évier de la cuisine de Maurice Viton, à Aubagne. On y voit l'accélérateur MHD cylindrique en action, aspirant de l'encre à stylo, ce qui appelait la remarque suivante :

En France on a pas de pétrole, mais on a des éviers

Vous verrez qu'un jour, quand Viton et moi nous serons morts et enterrés depuis longtemps on rédécouvrira que les ovnis, pour une part de leur comportement intra-atmosphérique, font recours à la MHD. Alors j'aimerais que des gens se souviennent de nous et qu'on pose une plaque chez Maurice, portant :

Ici, dans cette modeste cuisine, Maurive Viton et Jean-Pierre Petitr ouvrirent à l'humanité la route des étoiles

Tout cela préfigurait déjà "le sous-marin sans hélice" de l'album Le Mur du Silence ( 1983 ). J'ai envie, au fil de la plume, de vous raconter une anecdote. Philippe Boulanger était à l'époque rédacteur en chef de Pour la Science. Je crois qu'il l'est toujours. Nous avions de temps à autre des conversations à bâtons rompus. Un jour nous avons eu le dialogue suivant :

- Tu sais pourquoi le sujet ovni ne l'intéresse pas ?
- Non
- Je vais te dire. Dans le temps j'étais un assez bon joueur d'échecs. Je jouais dans un club. J'étais classé, je faisais des tournois. Un jour un maître Polonais a été invité par le club. Il est venu nous donner des cours.
- Les slaves, aux échecs, ils sont terribles.
- Il nous donnait donc des cours en déplaçantsur un tableau métallique des pièces qui tenaient avec des aimants. Ils nous montrait des positions, évoquait des stratégies. Mais il ne semblait pas désireux de croiser le fer avec l'un d'entre nous. A chaque fois que quelqu'un du club lui proposait de pousser des pièces sur un échiquier, il se défilait. Mais un jour je l'ai coincé dans le café qui était à proximité du club. J'ai attrappé un échiquier, une pendule et je lui ai proposé une partie "blitz"
- Une partie blitz ?
- Oui, ce sont des parties où on se donne un temps de réflexion limité, assez court, qui est contrôlé par une pendule.
- Une pendule ?
- Ca n'est pas une vraie pendule. Il y a deux cadrans qui décomptent le temps de réflexion de chacun. A chaque fois que c'est à l'autre de jouer, on déclenche son temps de réflexion en appuyant sur l'un des boutons. Quand il a joué, il faut de même. C'est chacun son tour.
- Alors tu lui as collé l'échiqier sous le nez, et la pendule.
- Oui. Il ne pouvait plus refuser. Il a soupiré et m'a dit d'un ton las "comme vous voulez..."
- Et alors ?
- On a commencé une première partie. Lui, ne regardait même pas l'échiquier. Il lisait son journal et sirotait son café pendant que je me rongeais les poings. Quand c'était à lui de jouer, il jetait un rapide coup d'oeil, poussait la pièce d'un geste vif, puis se replongeait dans sa lecture.
- Et alors ?
- En dix coups j'étais ratatiné complet. Je lui ai proposé une revanche. Pareil...

Boulanger resta pensif quelques secondes.

- Après cela, j'ai abandonné les échecs.

Les portes fermées : vous chercherez vainement une critique quelconque de la série des Aventures d'Anselme Lanturlu dans les revues de vulgarisation scientifique comme La Recherche, Science et Vie, Ca m'Intéresse. Juste une pub dans Pour la Science, pour annoncer la sortie de chaque album. Normal : la revue appartenait en fait aux éditions Belin. Sans cela la collection n'aurait jamais atteint 15 albums. Mais ce qui est drôle c'est que maintenant Lanturlu et sa bande ont pris le maquis dans la jungle numérique. Nous nous apprêtons à conquérir un marché international ( y compris ces pauvres Chinois qui, face à cela, seront sans défense ) grâce à un produit totalement révolutionnaire : le produit gratuit.

La France fournit ses armes. La nouvelle loi DADVSI, qui sera votée le 23 décembre 2005, juste avant la naissance du Petit Jésus, punira de ses foudres celui qui pratiquera la copie illicite. Mais que faire quand cette opération s'effectue avec la bénédiction de l'auteur ?

Copiez moi, copiez moi....

Il fallait y penser, c'est tout.

A une éditrice Allemande qui me disait :

- Mais... si vous faites cela, vous n'allez pas gagner d'argent !?!
- Non madame, mais quand on a le superflu, il faut savoir s'arrêter


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