Le 11 Septembre n'a pas eu lieu !
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Pour voir comment cette émission fut présentée sur le site d'ARTE :
http://www.arte-tv.com/cache/dossier/fr/dossier630324.html
http://www.arte-tv.com/dossier/dossier.jsp?refresh=false&node=630392&lang=fr
13 Avril : Réaction à chaud après l'émission diffusée sur ARTE sur les attentats du 11 septembre
Je n'ai malheureusement pas, n'étant pas chez moi, assister au débat qui suivait la projection d'un film dénonçant le "conspirationnisme", présenté sur ARTE dans la série Thema le 13 avril 2004 à 20 h 50. J'espère que cette émission peut être visionnée sur le net. Si quelqu'un en a fait un enregistrement complet avec son magnétoscope, pourrait-il m'envoyer sa copie. Je crois que c'est de toute façon un document à conserver.
C'est un moment important de télévision. S'il nous restait encore quelques illusions, elles auront volé en éclat ce soir-là. Je repense à la phrase que mon regretté ami Aimé Michel avait dite il y a 25 ans :
- Quand Yahvé a dit 'tu ne feras pas d'images' il pensait déjà à la télé.
Ce dossier "anti-conspirationisme" déshonore la profession de journaliste. L'entreprise de Thierry Meyssan (voir le dossier sur le "Pentagate" ) y est présentée comme une démarche uniquement motivée par l'appât du gain. On notera que pas un seul instant dans ce dossier les aspects techniques ne sont évoqués, sauf dans les quelques rares phrases qu'a pu placer Meyssan quand il est interviewé.
Tout a été mis en oeuvre. On a ratissé large. On a noté les liens de certains éditeurs avec l'extrême droite. Ardisson, qui lui avait donné la parole en 2002, "lançant son ouvrage", n'a pas voulu répondre aux questions des journalistes. Franchement, on le comprend. Je revois Thierry Thuillier, rédacteur en chef sur A2 évoquant la façon dont l'initiative d'Ardisson avait été perçue dans son service :
- Il n'a pas vérifié ses sources. En trois jours nous avons pu collecter assez d'informations pour réaliser que les thèses avancées par Meyssan ne tenaient pas debout (...)
Mais pas un mot sur les informations en question.....
On entend un intellectuel déclarer "que le complot est réducteur de complexité". On s'interroge sur ce que cache "cette détestation de l'Amérique". Renaud Marhic (auteur de "Ummo, les extraterrestres qui venaient du froid"), évoque le parallélisme avec la thèse du complot juif et franc-maçon ainsi que les traces de ce mouvement dans notre histoire. En conclusion : remettre en cause la thèse officielle pour les événement du 11 septembre serait faire preuve d'antisémitisme. Le parallèle est même fait avec le manifeste antisémite "des Sages de Sion", un document interdit en France mais que l'ont peut trouver dans certaines librairies (effet de caméra cachée).
C'est vraiment ... n'importe quoi.
Toutes les ficelles de la désinformation sont utilisées : l'amalgame grossier (avec le Front National, le personnage de le Pen, la thèse de l'assassinat de Lady Diana), la juxtaposition d'images, monter en épingle la moindre erreur commise par un des tenants de ces thèses, pointer la caméra sur un homme douteux, qui semble avoir fait partie des services secrets. On évoque le tenants des thèses niant l'holocauste. La démarche de Meyssan est ainsi mise sur le même pied. D'autres parlent de "la détestation de l'univers démocratique". Ce qui revient à dire que les USA seraient le fer de lance de la démocratie mondiale (...).
Je retrouve le sociologue Pierre Lagrange qui avait déjà écrit à propos de l'affaire Roswell "Ce qui milite contre ce dossierc'est son caractère incroyable". Un esprit .. brillant. Là, il dit quelque chose comme "et c'est alors que Meyssan se met à soutenir l'insoutenable".
On pointe le doigt sur les collaborateurs de Thierry Meyssan, dont un certain Henri Bunel, qui aurait apparemment des liens avec les groupuscules d'extrême droite. Ce dernier évoque le mouvement "Energie libres", et l'intervention des "reptiliens". Bref coup d'oeil sur un livre de ce brave Hugo Nart, en évoquant son intérêt pour la question des extraterrestres.
Je ne sais pas si vous imaginez ce qui se serait passé si Meyssan m'avait pris comme expert, au vu de mes compétences d'ingénieur de l'aéronautique. A tous les coup on aurait entendu dans cette émission : "Meyssan s'entoure de compétences d'experts, comme Jean-Pierre Petit, ex-directeur de recherche au Cnrs, qui prétend avoir des contacts avec une ethnie extraterrestre, les Ummites".
Je crois, j'espère que les téléspectateurs auront détecté les ficelles d'une telle entreprise. Sa faiblesse c'est qu'à aucun moment le commentateur ne se place sous l'angle technique. Aucun expert compétent ne vient s'engager pour confirmer les thèses de la Maison Blanche sur l'interprétation des documents. Il n'y a que des professions de foi, des haussements d'épaules. Une amie, qui regardait avec moi ce film, a dit "En voyant cette émission, n'importe quelle personne sensée se dirait : pour qu'on attaque ce type avec une telle pauvreté d'arguments c'est que ses thèses doivent déranger pas mal de monde. Je vais acheter son livre".
Cela montre, disons, que Meyssan a touché pas mal de monde, dans 25 pays. Ce document diffusé par Arte ressemble à une intervention désespérée pour s'opposer à une prise de conscience qui fait tache d'huile, de plus en plus. Le "Léviathan" doit se sentir en danger. Dans ce dossier, le réalisateur en fait trop, visiblement, au point de toucher au grotesque.
Au départ il aura fallu à Thierry Meyssan un sacré courage, que je salue ici, pour oser affronter un ennemi qui n'a jamais hésité à tuer, que ce soit Luther King ou Kennedy.
Le simple fait qu'une chaîne de télévision ait pu se compromettre en passant un tel document montre l'état de pourrissement de nos médias. Sur Arte, Thema est la chaîne qui est censée passer des documents un peu "chauds". Mais cela fait partie du jeu. Il faut qu'en "dévoilant des secrets" ou en "menant des enquêtes courageuses" un médias donne l'illusion de l'indépendance de l'information. Or, ce soir, nous avons pu mesurer à quel point cette impression était illusoire.
27 avril 2004 : Un lecteur, Laurent de Soras
me signale qu'une critique détaillée de cette émission
en deux parties, avec des extraits en format texte et son peut être trouvée
dans le site de l'Acrimed (Association-Critique-Media) :
http://acrimed.samizdat.net/article.php3?id_article=1583
http://acrimed.samizdat.net/article.php3?id_article=1584
2 mai 2004 : J'ai revisionné l'émission du 13 avril, Thema sur Arte, donc une copie CD m'a été adressée par un lecteur. Il faudrait des pages et des pages pour commenter, décortiquer ce document. J'ai noté des phrases dans l'intervention du sociologue Pierre Lagrange :
...Et là c'est très fort. En nous montrant ces photos il érige le téléspectateur en quelque sorte en expert. On voit ce quil voit et, ce faisant il renverse la réalité...On est dans des choses qui ne sont pas discutables, quelque part. Il va introduire un débat là où ne doit pas être.
En lisant ces lignes on a envie de s'écrier "y a-t-il un sociologue dans la salle ?"
Second point, le plus important, le plus choqyant : Thierry Meyssan est totalement absent du "débat" qui clôture l'émission, où ne sont présents que quelques journalistes ou essayistes-journalistes. En quelque sorte Meyssan est "jugé par contumace". Il peut sembler étonnant que des journalistes aient pu se prêter à une telle opération. Mais quand on analyse leur attitude dans cette séquence on voit qu'ils ne cherchent à aucun moment d'entrer dans le débat technique. Plus encore : il défendent le corporatisme de leur profession, toutes tendances politiques confondue. Internet représente un danger considérable pour tous ces gens : une diffusion sauvage d'informations, d'idées, de propos, d'opinions, d'analyses. Ce qu'on entend dans leurs discours c'est "il existe dans la profession de diffuseurs d'information des professionnels patentés et c'est à des gens qu'il faut faire confiance, car 'ils vérifient leurs sources' ". A la limite on pourrait se demander s'il ne serait pas souhaitable, selon eux, de créer un :
Conseil de l'Ordre des Journalistes
Un détail important : Meyssan n'est pas journaliste. Or il a créé un journal auquel on peut s'abonner, qui fonctionne uniquement par Internet. Il est livré à domicile en format pdf. Il concurrence ainsi l'ensemble de la profession. Le phénomène est général. L'édition devient sauvage (in fine avec des livres édités sur CD). La politique devient sauvage : des tribunes, des forums se créent qui se situent en dehors des partis politiques. Internet a ce côté Hyde Park. La science devient sauvage : un scientifique peut faire connaître ses travaux, sans filtrage. Personne n'est plus à l'abri de critiques. C'est "que le plus convainquant gagne". Des recherches importantes peuvent être initiées (projet Epistémotron) en dehors de tout contexte institutionnel. Maintenant c'est le journalisme qui s'échappe de la "boite". Résultat : il y a une solidarité entre tous les gens en place. Aucun des journalistes présents n'a été capable de dire "je ne comprends pas comment je puis participer à un débat mettant en cause les propos d'un homme, ses compétences, son intégrité... en son absence". Le sujet de ce débat m'a semblé dépasser le simple cas Meyssan et tourner autour de la question "un journalisme sauvage doit-il exister ?"
Je pense personnellement que toutes les professions connaissent aujourd'hui un discrédit croissant. La profession d'homme politique n'est plus crédible. Mais dans de nombreux cas des scientifiques se discréditent. La justice apparaît de plus en plus doûteuse. Nous en avons eu des exemples assez typiques. Les grand médias mentent. Lors de ce débat - procès par contumace c'est la profession de journaliste qui s'est discréditée.
Que reste-t-il ?
Essayez de pensez par vous même. Apprenez à
réfléchir, à comparer les informations, comme jadis les
gens apprenaient à décoder les additifs
alimentaires sur ce qu'ils achetaient dans les grandes surfaces. Nous n'avons
plus d'autres choix. C'est le prix à payer pour acquérir une liberté
de pensée.
Si vous ne faites pas cet effort, ce travail de tri et d'analyse personnelle nous en reviendrons à cette terrible boutade inscrite par un inconnu sur un mur de la sorbonne, en 1968 :
Lire éventuellement un article paru en 2003 dans le Monde Diplomatique, signé par Ignacio Ramonet, intitulé "le Cinquième Pouvoir"
http://www.monde-diplomatique.fr/2003/10/RAMONET/10395
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