La Sculpture sur Cire
En 1997 ma fille Déborah avait treize ans. Pendant des années j'avais vainement essayé de l'intéresser aux arts plastiques. J'avais, dans les années quatre vingts, occupé un poste de chargé de cours, en sculpture, à l'Ecole des Beaux Arts d'Aix en Provence. Antérieurement je m'étais familiarisé avec des nombreuses techniques. Le dessin, les lecteurs de mes bandes dessinées le savent déjà. J'ai été aussi peintre, lithographe, sculpteur, graveur, ferronier et à temps perdu, potier.
J'avais donc tenté d'intéresser ma fille à la poterie, dans un atelier Aixois. Bide complet.
Même chose avec le dessin, la musique, les voyages (Kenya, Caraïbes, Parcs Nationaux Américains, etc), l'escalade, la plongée, le bateau. Bide partout. En fait ma fille avait une passion secrête que je ne découvris que fortuitement, en 1997 :
la sculpture sur cire.
On peut envisager de sculpter un peu n'importe quoi : de la pierre, du bois, du fer. Si on tape " sculpture sur cire " sur Google on tombe sur de nombreuses pages expliquant comment manipuler ce matériau.
Mais dès que ma fille entreprit de me faire, chez moi, la démonstration de sa maîtrise de cette technique, elle m'expliqua que celle-ci se concentrait uniquement sur la fabrication de poupées de cire. Elle sortit de son sac une grosse bougie jaune, qui lui servit de source de chaleur et se mit à travailler des bougies blanches, directement à la main. N'ayant pas d'appareil photo sous la main, j'ai fait ce croquis très fidèle qui la montre à l'oeuvre et présente aussi ses réalisations : apparemment deux petits personnages à genoux, l'un masculin, l'autre féminin.
1997 : Ma fille Déborah, en train de confectionner des poupées de cire
Son adresse était étonnante. Alors que je n'avais jamais réussi à lui faire tenir un crayon, un pinceau ou tourner un pot, elle fit émerger de ces bougies cylindriques des formes humaines par simple manipulation de la cire ramollie à la chaleur, maîtrise qui témoignait d'une longue pratique.
- Mais où diable as-tu appris à faire cela ?
- C'est ma mère (Chrislène Cirera), qui me l'a appris. Elle a toujours pratiqué cet art d'agrément de longue date.
- Elle ne m'en avait jamais soufflé mot. J'imaginais plutôt que les femmes au foyer se livraient à des travaux d'aiguilles.
- Les travaux d'aiguilles constituent un champ d'activité assez vaste, tu sais.
- J'imagine qu'il y a différents types de travaux d'aiguilles.
- En quelque sorte. A propos j'aimerais bien aller au Gabon l'été prochain, chez ma tante.
- Le Gabon t'attire tant que ça ? Pourtant le voyage que je t'avais fait faire au Kenya n'avait pas l'air de t'avoir passionné plus que ça.
- Au Gabon, il y a les marabouts, et leur savoir. Ca, ça me passionne.
Nos rapports se dégradèrent rapidement, après cet épisode, du fait d'une divergence profonde quant aux qualités esthétiques de ces poupées de cire.
Je ne sais pas si elle et sa mère ont poursuivi ce genre d'activité. A un moment, je lui ai proposé de me mettre noir sur blanc le détail de cette technique, et l'itinéraire que sa mère lui avait faite suivre pour l'initier à cet art. J'aurais pu en faire un livre et je pense que ça aurait intéressé par mal de gens. Elle n'a pas donné suite.
L'offre est toujours valable
Déborah Petit 2009, image Google
Pour en savoir plus sur Déborah Petit
Retour sur de évènements des années 2008 - 2009